Ça sent le sapin pour les mycophiles
« Derniers mètres jusqu’au cimetière », d’Antti Tuomainen
On connaissait le polar psychologique, voici le thriller mycologique, frais cuisiné par le facétieux Finlandais Antti Tuomainen, loin des classiques du suspense à la sauce champignon façon amanites phalloïdes. Un seul ingrédient dans son plat : le matsutaké, qui pousserait son chapeau à l’ombre des pinèdes de Finlande et dont raffoleraient les Japonais. Et une intrigue à la fois simple et tordue : le même jour, le PDG d’une entreprise spécialisée dans sa cueillette apprend que son athlétique épouse s’envoie en l’air avec un employé et que lui, le mari, va mourir d’une intoxication alimentaire dans un délai de deux jours à trois semaines. Banalement, il relie les deux faits et, de cadavre ambulant, se transforme en moribond enquêtant, doté d’un humour à toute épreuve puisque, à tout moment, le poison peut lui faire la peau. Sur fond de mer Baltique au bleu plus dur que les battes de base-ball et les sabres de samouraïs qu’il rencontre à chaque virage, il s’offre alors une immersion dans le cloaque de la mafia mycophile, sans jamais renoncer aux petits plaisirs qui font enfler son abdomen, déjà considérable : caramels au chocolat, Coca, bière, crèmes glacées géantes. On rit au moins deux fois par page, et ça a le don, aussi précieux que le matsutaké, de vous réconcilier avec le crime
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Traduit du finnois par Alexandre André (Fleuve, 320 p., 19,90 €).
Bang ! « Quelqu'un entrebâille le couvercle du cercueil. Alors que je viens de mourir gentiment. »