Le brexiteur était un tueur…
« Haine pour haine », d’Eva Dolan
Après « Les chemins de la haine », paru il y a un an, le dernier opus d’Eva Dolan nous ramène sur les pas de l’inspecteur Zigic et du sergent Fereira, aux origines portugaises. Au sein de l’unité de police des « crimes de haine » de la ville de Peterborough, sur la côte est de l’Angleterre. Sur fond de crise économique, d’immigration et de tensions intercommunautaires, il y est question de crimes racistes, de ségrégations sociales, d’émeutes, de xénophobie, de brutes fascistes, d’un politicien d’extrême droite. De ce champ d’ingrédients d’actualité, que d’autres labourent aux socs des stéréotypes manichéens, Eva Dolan tire une pépite de roman noir social d’une remarquable lucidité et d’une redoutable efficacité. C’est astucieusement construit, de fausses pistes en rebondissements, finement ciselé, tel un déroulé de procédure policière qui intégrerait, en annexes, les regards et les avis contrastés du duo d’enquêteurs sur les pulsions de peur, de haine, de violence qui secouent les communautés d’une cité au bord de l’explosion sociale. Pas d’incantations moralisatrices, pas de clichés rebattus, pas de jugements de valeur : les faits, rien que les faits, comme si l’inspecteur Zigic faisait sien l’adage policier qui dit : « Un flic ne juge pas, il constate ! » Et ce qu’il constate à Peterborough fait froid dans le dos…
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Traduit de l’anglais par Lisa Garond (Liana Lévi, 432 p., 22 €).
Bang ! « Ali Manouf avait, lui aussi, le visage défoncé à coups de botte. Il ne s'agissait pas de tuer, mais d'anéantir. »