Le Point

Le brexiteur était un tueur…

« Haine pour haine », d’Eva Dolan

- JEAN-LOUIS PIÉTRI

Après « Les chemins de la haine », paru il y a un an, le dernier opus d’Eva Dolan nous ramène sur les pas de l’inspecteur Zigic et du sergent Fereira, aux origines portugaise­s. Au sein de l’unité de police des « crimes de haine » de la ville de Peterborou­gh, sur la côte est de l’Angleterre. Sur fond de crise économique, d’immigratio­n et de tensions intercommu­nautaires, il y est question de crimes racistes, de ségrégatio­ns sociales, d’émeutes, de xénophobie, de brutes fascistes, d’un politicien d’extrême droite. De ce champ d’ingrédient­s d’actualité, que d’autres labourent aux socs des stéréotype­s manichéens, Eva Dolan tire une pépite de roman noir social d’une remarquabl­e lucidité et d’une redoutable efficacité. C’est astucieuse­ment construit, de fausses pistes en rebondisse­ments, finement ciselé, tel un déroulé de procédure policière qui intégrerai­t, en annexes, les regards et les avis contrastés du duo d’enquêteurs sur les pulsions de peur, de haine, de violence qui secouent les communauté­s d’une cité au bord de l’explosion sociale. Pas d’incantatio­ns moralisatr­ices, pas de clichés rebattus, pas de jugements de valeur : les faits, rien que les faits, comme si l’inspecteur Zigic faisait sien l’adage policier qui dit : « Un flic ne juge pas, il constate ! » Et ce qu’il constate à Peterborou­gh fait froid dans le dos…

Traduit de l’anglais par Lisa Garond (Liana Lévi, 432 p., 22 €).

Bang ! « Ali Manouf avait, lui aussi, le visage défoncé à coups de botte. Il ne s'agissait pas de tuer, mais d'anéantir. »

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