Baby gangsters napolitains

« Piranhas », de Robert Saviano

Nous voici à Naples, dans ce quartier de Forcella, depuis longtemps abonné à la Camorra, avec une bande de gamins. Ils ont entre 10 et 18 ans, se déplacent à scooter, roulent à tombeau ouvert. Leur monde est celui de l’arrogance, du fric, de la domination et des rapports de force. Leur ambition est de monter des coups. Leurs modèles, les parrains de la Mafia. Ils n’ont peur ni de la mort ni de la prison. Quand le jeune Nicolas Fiorillo voit arriver l’heure de devenir chef, il sait qu’il doit montrer sa capacité à soumettre les autres. « Il vaut mieux être un champion de la cruauté que de la pitié », affirme-t-il, car, pour lui, « le monde se partage en deux catégories : les baiseurs et les baisés ». Ecrivain et journaliste napolitain, Robert Saviano a acquis une renommée internationale pour avoir, avec courage, décrit les milieux mafieux dans « Gomorra », en 2006. Depuis, menacé de mort, il est protégé par la police. Il a également acquis une notoriété politique. En s’opposant à celle, migratoire, du ministre de l’Intérieur Salvini, qui l’accuse de faire la promotion des gangs mafieux et de ternir l’image de l’Italie. Nous sommes dans le quartier de Forcella, avec ces jeunes en rupture de ban, obsédés par les réseaux sociaux et le fric facile, mais ne pourrions-nous être dans maints quartiers de banlieue de grandes villes françaises ? En cela, « Piranhas », formidable polar, est aussi une enquête qui marque son temps

■

Traduit de l’italien par Vincent Raynaud (Gallimard, 368 p., 22 €).

Bang ! « Le regard est un territoire, une patrie. Fixer quelqu'un dans les yeux, c'est l'envahir. Ne pas le détourner, c'est affirmer son pouvoir. »