La mule de Stockholm
« 3 secondes », de Roslund et Hellström
Coup de tabac sur Stockholm… Ça commence pianissimo par des évocations disparates de situations, de personnages, un peu comme à l’opéra lorsque les musiciens accordent leurs instruments avant que le rideau se lève. Il y a cette Paula, dont on apprendra rapidement qu’elle n’est pas une femme, ce flic un brin déjanté qui court après un fantôme et encore cet autre, exilé sur une base militaire américaine… Une fois les violons de l’intrigue accordés, le rideau se lève. Puis le tempo s’accélère, le contexte s’éclaire, l’action se débride, fouille les arrière-cours policières, les hautes sphères du gouvernement suédois, les délires d’un flic obsessionnel, les angoisses d’un informateur infiltré dans une organisation mafieuse polonaise. Car c’est d’une opération d’infiltration qu’il s’agit. Une opération qui s’emballe, déraille avec risques de dégâts politiques collatéraux. Un superbe roman d’intrigue et d’action, donc, mais pas uniquement. C’est aussi l’histoire d’un combat à distance entre un policier légaliste et un infiltré, complice de meurtre. Un affrontement entre deux morales symbolisées par ces deux hommes, asociaux et traqués, l’un par ses souvenirs, l’autre par la pègre polonaise… Jusqu’à nous en faire perdre nos confortables certitudes sur le bien et le mal
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Traduit du suédois par Philippe Bouquet et Catherine Renaud (Mazarine, 592 p., 22,90 €).
Bang ! « Ils avaient compté à voix haute chaque fois qu’il avalait, deux cents fois, jusqu’à ce que les balles de caoutchouc finissent par égratigner sa gorge. »