Ovaldé, survivre au grand amour
Roman. C’est un texte suave et redoutable. « Personne n’a peur des gens qui sourient », le nouveau roman de Véronique Ovaldé, entraîne son lecteur dans une machine littéraire aussi précise et délicate que piégée. Gloria vit seule avec ses deux filles depuis la disparition de Samuel, son grand amour. Prête à tout pour les défendre contre vents et marée, elle s’est accoutumée à cette « tristesse habitable, confortable, sur mesure, qui était devenue une façon de vivre et d’élever ses filles le plus tendrement et le plus confortablement possible ». Un beau jour, elles prennent toutes trois précipitamment la route, dans le plus grand secret. Que fuient-elles ? L’exploration du passé de la farouche et solitaire Gloria livrera la clé de l’énigme.
Ovaldé navigue entre passé et présent avec un art consommé du mystère, mais aussi un sens de la formule rêveuse et de la divagation poétique qui font toute la saveur de ce roman superbe. On y rencontrera donc des recettes contre les idées noires, un coup de foudre ravageur, une maison aux souvenirs, une mer qui réconforte et un lac digne d’un conte. Mais aussi d’envoûtantes variations sur les mille et une façons d’être vulnérable et de veiller sur les siens. De quoi, peut-être, apprendre à se méfier des gens qui sourient et des écrivains à la vertigineuse douceur
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« Personne n’a peur des gens qui sourient », de Véronique Ovaldé (Flammarion, 270 p., 19 €).