Prix du Livre politique : la boussole Jérôme Fourquet
Le hasard a fait qu’en l’espace de quelques jours il nous a été donné de lire deux livres qui, bien qu’ils soient dans des registres différents, prétendent analyser notre époque. Le premier est « L’archipel français » (Seuil), du politologue Jérôme Fourquet, le second est « Le progrès ne tombe pas du ciel » (Flammarion), de deux anciens conseillers du président, Ismaël Emelien et David Amiel. Ces derniers affirment avoir écrit un manifeste politique. Un manifeste est un programme d’action qui définit des priorités et, à cette fin, on recommandera aux élus, et au-delà aux citoyens, de privilégier l’enquête de Fourquet. Car ce livre est aussi humble dans son approche et en prise avec les réalités que celui des deux progressistes de la macronie est gazeux et prétentieux. « L’archipel français » a d’ailleurs obtenu le prix du Livre politique et récemment fait la une du Point. Nombre de politiques, après avoir puisé dans les essais du géographe Christophe Guilluy, s’inspirent désormais des travaux du sondeur, qui a eu recours à moult données (Insee, Ined, listes électorales…) pour parvenir à la conclusion que la France était en voie d’« archipellisation », conséquence de la déchristianisation, de la crispation identitaire et de la sécession des élites. « Nous sommes passés d’une société en silo à une société en millefeuille, dans laquelle les différentes strates ne communiquent plus entre elles », insiste Jérôme Fourquet. Parce qu’il est peu suspect de militantisme, l’auteur n’a pas hésité à faire une étude des prénoms, où l’on voit que les « Marie » représentent moins de 1 % des naissances, que les porteurs d’un prénom anglo-saxon (Jordan, Kevin, Cindy…) votent en nombre pour le Rassemblement national et que les prénoms arabo-musulmans représentent environ 18 % des naissances. Des éléments précieux pour comprendre, sans haine mais avec lucidité, la France qui vient
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