Comment le Qatar finance l’islam de France
Les révélations du nouveau livre des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, « Qatar Papers » (Michel Lafon).
C’est un document exceptionnel. Les deux journalistes Christian Chesnot (France Inter) et Georges Malbrunot (Le Figaro) ont mis la main sur les comptes détaillés d’une ONG qatarienne, Qatar Charity, dont l’une des missions est d’aider les communautés musulmanes sur le Vieux Continent. Leur livre, « Qatar Papers », qui fourmille de documents comptables, recense d’innombrables projets sur le sol français (mosquées, écoles, associations, etc.) directement financés par cette ONG liée à l’émir. Tels des détectives, les auteurs racontent comment le richissime émirat participe à la bataille d’influence religieuse qui se joue en
Europe entre les pays du Maghreb, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Koweït. Ils insistent aussi sur l’« idéologie » diffusée par le Qatar, qui encourage depuis toujours les Frères musulmans, cette confrérie islamique aux conceptions conservatrices qui renforce le communautarisme. « Forts d’à peine mille membres, les Frères musulmans ne vont pas prendre le pouvoir en France. Ils ne sont pas non plus impliqués dans des activités terroristes, et ils coopèrent au contraire souvent avec les services du ministère de l’Intérieur pour démasquer les dérives radicales, préviennent les auteurs. Mais leur objectif à terme est clair: adapter le droit commun à leur conception de l’islam. Est-ce le chemin que souhaite emprunter la République ? » Un document captivant
■
La belle fortune de Tariq Ramadan
Des dirigeants de la branche française des Frères musulmans ontils été payés directement par le Qatar ? Tracfin a cherché en vain. En revanche, il a glané de très intéressantes informations sur Tariq Ramadan, tête d’affiche des Frères dans l’Hexagone, à l’occasion de sa mise en examen pour « viol, agressions sexuelles, violences et menaces de mort» sur plusieurs femmes. Nous avons eu accès à l’enquête de Tracfin sur les comptes bancaires de Tariq Ramadan, aujourd’hui assigné à résidence en France, après avoir passé huit mois en prison. Pour réaliser une acquisition immobilière en France, le 28 juillet 2017, Tariq Ramadan a rapatrié des fonds personnels en provenance du Qatar pour un montant de 590 000 euros sur un compte bancaire personnel. Avec son épouse, Isabelle Morisset, Tariq Ramadan avait acheté deux appartements à Paris, pour un montant de 670 000 euros. En enquêtant, Tracfin a identifié deux comptes bancaires domiciliés en France et ouverts au nom de Tariq Ramadan. Du 1er janvier 2017 au 5 février 2018, trois jours après sa détention, ce dernier compte a enregistré pas moins de 729 910 euros de flux créditeurs et 778 269 euros au débit. D’où vient tout cet argent ? 590 000 euros ont été versés le 1er juin 2017, et 35 000 le 2 octobre, à partir d’un compte bancaire domicilié au Qatar, ouvert au nom de Tariq Ramadan, qui est alimenté par ses salaires en tant que consultant auprès de Qatar Foundation (1), qui se montent à 150 000 riyals, soit 35 000 euros mensuels, peut-on lire dans la note Tracfin. Le
■