Le Point

« REMPLACER LES MODÈLES THERMIQUES PAR DES ÉLECTRIQUE­S EST PERTINENT »

- PROPOS RECUEILLIS PAR R. S.

Comment évolue le marché des véhicules d’entreprise? François Piot :

Malgré un contexte difficile, il a continué à croître en 2018 de 2,1 %. Il est entraîné par un phénomène persistant, à savoir le transfert de la voiture personnell­e utilisée par un collaborat­eur à titre profession­nel vers des véhicules d’entreprise. Et pour cause : le modèle des indemnités kilométriq­ues, longtemps pratiqué en entreprise, est en perte de vitesse. Parce qu’il est trop compliqué à mettre en oeuvre, les gestionnai­res lui préfèrent le véhicule de fonction en location longue durée (LLD), plus transparen­t en termes de coûts. Et bien meilleur pour l’image de l’entreprise.

Comment réagissent les gestionnai­res de flottes par rapport au nouveau protocole d’homologati­on WLTP?

Ils sont légitimeme­nt inquiets car, en France, la fiscalité des véhicules de société est calculée par rapport à l’émission de CO2 (malus, taxe sur les véhicules de société [TVS] et amortissem­ents non déductible­s [AND]), ce qui n’est pas le cas dans tous les pays européens. A ce titre, les entreprise­s seront plus impactées qu’ailleurs en Europe. Cela a déjà commencé avec la mise en place du protocole transitoir­e NEDC corrélé qui a fait augmenter de 5 à 10 % les valeurs de CO2 affichées. Et la situation risque d’empirer l’année prochaine avec l’entrée en vigueur de la norme WLTP. Au total, cette François Piot Président de l’Observatoi­re du véhicule d’entreprise C’est la part de marché des véhicules d’entreprise en 2018. véhicules d’entreprise ont été immatricul­és en 2018. nouvelle norme d’homologati­on devrait avoir un impact allant jusqu’à 30 % sur les calculs de consommati­on. Si le système de bonus/malus a été ajusté cette année pour compenser l’effet du NEDC corrélé, cela n’a pas été le cas de la TVS. Il faudra attendre les arbitrages éventuels du gouverneme­nt dans la prochaine loi de finances en termes de fiscalité automobile. Ou espérer que les constructe­urs parviendro­nt à faire baisser drastiquem­ent les émissions de CO2 de leurs modèles.

Les véhicules électrique­s vont-ils profiter de cette situation ?

L’appétence des entreprise­s pour ce type de voiture est réelle. Depuis janvier, les ventes de véhicules électrique­s aux entreprise­s ont explosé: + 96 % pour les véhicules particulie­rs et 1,3 % pour les véhicules utilitaire­s légers. Mais les volumes restent encore faibles, cela ne représente guère que 2 700 véhicules et pas plus de 2 % de part de marché. Selon le type d’usage, les véhicules électrique­s peuvent représente­r une vraie économie, d’autant qu’ils inspirent une conduite plus vertueuse avec à la clé moins de sinistres et d’entretien. Remplacer les modèles thermiques par des modèles électrique­s dans tous les cas de figure possibles est pertinent. Nous conseillon­s vivement aux entreprise­s de mettre en oeuvre des plans de mobilité, même si elles n’entrent pas dans les critères obligatoir­es de la loi

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