Comment va la mode?
Presque deux mois après la mort de Karl Lagerfeld et quelques semaines après la Fashion Week parisienne, revue de détail des tendances dominantes.
La Semaine de la mode automne-hiver 20192020 était en deuil après la disparition de Karl Lagerfeld, le 19 février (lire Le Point n°2425). Sa créativité débridée, sa faculté à humer l’air du temps et son spectaculaire parcours résonnaient sur les podiums. Qui peut en effet rivaliser avec plus de cinquante ans de carrière et de succès? L’immense Karl a donné envie à tous les créateurs actuels – de Nicolas Ghesquière (Louis Vuitton) à Hedi Slimane (Celine) en passant par Maria Grazia Chiuri (Dior), J. W. Anderson (Loewe) ou encore Julien Dossena (Paco Rabanne) – d’embrasser ce métier qui consiste à dessiner des vêtements, à définir une allure, à innover, à donner vie à des maisons de couture en quête d’une perpétuelle jeunesse…
La mode sans Karl, est-ce possible ? La réponse a fusé le 5 mars lors du défilé Chanel. La maison de couture a choisi de rendre un hommage sobre et pudique à celui qui contribua à faire rayonner le mythique double C de Chanel à travers le monde. La griffe n’a rien changé à son dispositif : comme pour chaque collection, le Grand Palais a été transformé en décor de rêve. Cette fois-ci, une station chic de sports d’hiver avec chalets en bois, fausse neige, paysage de montagnes et de sapins. Entre rires et larmes, les mannequins
se sont élancés sur le parterre de neige. Une histoire de mode, voire d’amour, au sein de laquelle on retrouve l’esprit de Coco, l’intelligence de Karl et la vision de Virginie Viard, la collaboratrice du couturier qui vient de lui succéder. Elle est furtivement venue saluer à la fin du défilé avant que la musique de « Heroes », de David Bowie – que le couturier adorait –, ne résonne dans le Grand Palais.
Panache. Côté tendances, la Fashion Week reste un excellent baromètre pour annoncer ce qui nous fera vibrer l’hiver prochain. Quoi de neuf ? Le sporstwear délaisse quelque peu le vestiaire pour laisser place à une allure volontiers rétro, remise au goût du jour, où la silhouette très bourgeoise a le vent en poupe. La collection Celine, signée Hedi Slimane, en est l’illustration parfaite. Si la femme ne boude pas une allure plus urbaine, voire guerrière, avec force cuirs, clous et teintes sombres, elle ne renonce par pour autant au confort – à grand renfort de longues robes, de tuniques fluides, de pantalons amples, de manteaux enveloppants et de matières confortables telles que la fausse fourrure, la laine et le cachemire. Plus que jamais, les créateurs réinventent la mode et se jouent des codes du style avec panache
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