Mon couvent en Italie
Récit. Comme chaque été, Jacques, universitaire, journaliste, et Michela, philosophe italienne, passent leurs vacances près de Tarente. Mer, soleil, cyprès, exotisme latin, petite virée dans un hôtel de luxe pour l’anniversaire de Michela. Tout à coup ils en ont assez de « faire » du tourisme comme d’autres font (tristement) l’amour. Il est temps de chercher ailleurs ou d’arrêter de jouer les « aliénés voyageurs » d’un monde qui partout s’enrhume sous les mêmes clim. Michela, justement, vient d’hériter d’un vieux couvent dans le Salentin, près de Lecce. Le bout du Sud, le dernier endroit où l’on se penche avant de tomber de l’Europe ; un Finistère paumé, plus grec que latin, « païen et médiéval », qui n’a pas embrassé la Renaissance et si peu capté les Lumières, un tas de ruines dans un paese – patelin – méconnu (sauf des mafias) et bombardé de soleil. Pour Jacques, une punition, une Italie « mineure », la sauvagerie. Si loin de Raphaël et de Léonard, des soirées à la Scala, des concerts à la Fenice et de tout ce qui le lie à ce pays. Mais voilà : « Italie, ô Italie, tu as le don fatal de la beauté ! » disait lord Byron. Entre deux péripéties croquignolesques, les pierres, l’air, les mystères et les « gens secs » de là-bas ont raison de lui. C’est l’exquise épopée italienne de l’été, l’histoire docte et drôle de la réhabilitation d’une vieille baraque, mais celle surtout d’un étonnement, d’un éblouissement, du choc amoureux d’un type du Nord, fou d’une certaine Italie, qui tombe à ses genoux, au pied même de sa botte, découvrant son autre visage, sa géographie intime, son irradiante « poétique de l’espace »
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« Casa Bianca », de Jacques de Saint Victor (Equateurs littérature, 384 p., 23 €).