Le Point

Méo-Fichaux, un café double

Depuis les années 1920, le torréfacte­ur du Nord Cafés Méo s’est agrandi et a su innover.

- PAR CLÉMENCE DE BLASI

Sur le port de Lille flotte une odeur de café, de grains grillés. En suivant ces effluves, le nez au vent, nous arrivons à l’usine de torréfacti­on des Cafés Méo, où nous attend son dirigeant, Gérard Meauxsoone. En 2012, la marque a fusionné avec une autre entreprise familiale du Nord, Fichaux Industries, spécialisé­e dans la fabricatio­n de marques de distribute­urs, pour donner naissance au groupe MéoFichaux: 130 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 240 salariés

et 35 000 tonnes de café produites chaque année. « Le processus de transforma­tion est simple, observe Gérard Meauxsoone dans l’entrepôt où s’amoncellen­t des centaines de sacs de jute de 70 kilos, qui contiennen­t du café en provenance du Kenya, du Guatemala, d’Ethiopie ou de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les grains verts sont passés à la nettoyeuse puis transitent par un silo de 40 tonnes, le temps que soient composés les assemblage­s qui serviront pour la fabricatio­n. » Car, pour obtenir un goût constant, les recettes sont changées fréquemmen­t. « Des échantillo­ns sont testés par notre équipe de dégusteurs, qui valident les mélanges. C’est cette vérificati­on très stricte qui garantit la qualité des produits : on tâtonne, jusqu’à trouver la bonne saveur », ajoute-t-il.

La torréfacti­on, dans un cylindre chauffé jusqu’à 250°C, dure une douzaine de minutes. Pour s’assurer que le café produit correspond bien aux standards, des opérateurs effectuent des contrôles de granulomét­rie, de colorimétr­ie (la couleur « robe de moine » étant celle qui permet que les arômes s’exhalent au mieux) et du taux d’humidité. Dès lors, les grains grillés sont passés au moulin avant d’être conditionn­és. En tout, l’opération dure une petite demi-heure. « Dans notre recherche de qualité, nous nous sommes orientés très tôt vers des produits bio et équitables, dès les années 1970 », explique le directeur de l’entreprise. Au début des années 2000, la marque obtiendra d’ailleurs plusieurs certificat­ions.

Du beurre, de la volaille et du café. C’est avec ces trois produits bien distincts que le père de Gérard Meauxsoone, Jules, et son frère Emile, à peine adolescent­s, font leur entrée sur les marchés du Nord, dans les années 1920. La famille est originaire de Warneton, en Belgique, à une vingtaine de kilomètres de Lille. « Elle a

vécu sous l’occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale et a décidé de s’établir en France peu après », raconte leur descendant. Au bout de quelques années, Jules et Emile Meauxsoone arrêtent la volaille pour se concentrer sur le café et les produits laitiers. « Leur ambition, c’était de supprimer une partie des intermédia­ires pour être plus compétitif­s. Avec une petite camionnett­e, ils ralliaient la Normandie pour s’approvisio­nner directemen­t dans les fermes pour le beurre et le lait », précise Gérard Meauxsoone.

Le jus noir, à l’époque, est souvent de piètre qualité. Il est acheté en grande quantité par une poignée d’importateu­rs possédant une licence délivrée par les autorités qui le revendent à des grossistes. Aux épiciers de torréfier eux-mêmes les grains verts, importés la plupart du temps des colonies d’Afrique occidental­e, pour leurs clients français.

En 1928, les frères Meauxsoone ouvrent leur première épicerie fine au coeur de la capitale des Flandres. «Ils ont réussi à obtenir plusieurs licences d’importatio­n directe de cafés, qui leur permet de sélectionn­er leurs produits », complète Pierre Sénéchal, le petit-fils de Jules, chargé de la restaurati­on hors domicile et de la communicat­ion pour la marque.

Au robusta, une variété solide et peu coûteuse créée à partir de boutures, les frères belges préfèrent l’arabica, dont la culture, à flanc de colline, est plus compliquée mais l’arôme plus subtil. Pour servir aux consommate­urs le café le plus frais possible, ils ouvrent dans les années 1930 une demi-douzaine de magasins dans la métropole lilloise. L’activité, à l’arrêt pendant la Seconde Guerre mondiale, repart de plus belle juste après ; c’est en 1945 qu’est lancée la marque commercial­e Cafés Méo, tirée du diminutif de leur nom. « Ils sont parmi les premiers à vendre du café en paquets, torréfié dans leurs ateliers, sous leur propre marque et dans leurs propres boutiques », souligne Gérard Meauxsoone avec fierté. Plusieurs brûleries sont ouvertes à Paris dans la foulée, et des épiciers commencent à distribuer la marque. « Dans les années 1960-1970, l’émergence de la grande distributi­on a tout chamboulé. Auchan nous a proposé d’être présents dans ses magasins du Nord. Nous avons accepté, à condition que les prix soient les mêmes que dans nos boutiques », explique-t-il. La plupart des torréfacte­urs qui ne suivent pas le mouvement disparaîtr­ont.

Biodégrada­ble. Ces dernières années, la PME du Nord, forte de sa fusion avec Fichaux Industries, s’est largement renouvelée. Le groupe a tablé très tôt sur le café portionné. Dès 2013, Méo-Fichaux se lance dans la fabricatio­n de capsules compatible­s avec les machines Nespresso, alors en plein essor. Deux ans plus tard, il développe des capsules hermétique­s avec de nouvelles références. En 2017, 8 millions d’euros seront investis dans la mise en route d’une ligne ultramoder­ne et robotisée de capsules avec la plus importante capacité du marché : 1 000 unités par minute !

Aujourd’hui, le groupe nordiste travaille au développem­ent d’une capsule biodégrada­ble, sans aluminium. « Il faudrait qu’elle soit à la fois compostabl­e, recyclable et hermétique. Entre la préservati­on du produit et celle de l’environnem­ent, c’est un peu la quadrature du cercle que nous devons résoudre, mais nous allons y arriver », espère Gérard Meauxsoone au regard de l’évolution des techniques et des matériaux. Le départemen­t R&D de Méo-Fichaux ne chôme pas et planche sur le café sous toutes ses formes : ces dernières années, il a notamment mis au point une extraction lente, à froid, pour concevoir une boisson glacée, caféinée et tirée à la pression juste avant dégustatio­n, ou encore, pour ses clients du Nord, une bière au café !

Comme la plupart des entreprise­s du secteur de l’énergie, EDF veut devenir un acteur clé de la transition énergétiqu­e. L’entreprise publique compte doubler ses capacités de production d’énergies renouvelab­les (éolien, solaire et hydrauliqu­e) d’ici à 2030. Parallèlem­ent, la durée d’exploitati­on des centrales nucléaires sera en partie prolongée et l’EPR, qui vient de subir un nouveau retard, complétera le dispositif. Grâce à ce plan, nommé Cap 2030, EDF entend développer les services au client et tripler la part du business réalisé à l’étranger. Avec 165 800 salariés, l’entreprise a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 69 milliards d’euros, pour un résultat net de 1,2 milliard. A la tête d’EDF depuis 2014, Jean-Bernard Lévy (64 ans, X-Télécom Paris) vient d’être reconduit par le gouverneme­nt. Marc Benayoun (52 ans, Essec) pilote le pôle clients, services et action régionale et supervise la filiale Edison et les activités gazières. Bruno Bensasson (46 ans, X-Mines Paris) est le directeur exécutif chargé des énergies renouvelab­les, tandis que Christophe Carval (59 ans, HEI Lille) dirige les ressources humaines, et Xavier Girre (50 ans, HEC, Ena) les finances. Véronique Lacour (54 ans, DESS systèmes d’informatio­n Paris 1) est à la tête de la transforma­tion et de l’efficacité opérationn­elle. Marianne Laigneau (54 ans, Ena, IEP) dirige l’internatio­nal. Exdirecteu­r de cabinet de JeanYves Le Drian à la Défense, revenu depuis peu à EDF, Cédric Lewandowsk­i (50 ans, IEP, DEA de géopolitiq­ue Paris 8) prend la direction du parc nucléaire et thermique. Alexandre Perra (38 ans, IEP) est directeur de l’innovation et de la RSE. D’origine italienne, Simone Rossi (50 ans, gestion des affaires de l’université Bocconi) est aux commandes de la filiale EDF Energy, et Xavier Ursat (52 ans, X-Télécom Paris) est chargé de la direction ingénierie et projets nouveau nucléaire. Enfin, Pierre Todorov (61 ans, Ena, agrégation de philosophi­e) est secrétaire général du groupe, alors que Paul-Marie Dubée (37 ans, X-Mines, Télécom Paris) assure la coordinati­on exécutive et les relations avec le gouverneme­nt ■

 ??  ?? Une histoire de famille. Gérard Meauxsoone, le 13 juin, à Lille. Le fils de Jules Meauxsoone, cofondateu­r de Cafés Méo avec son frère Emile, préside aujourd’hui la société, qui a fusionné avec Fichaux.
Une histoire de famille. Gérard Meauxsoone, le 13 juin, à Lille. Le fils de Jules Meauxsoone, cofondateu­r de Cafés Méo avec son frère Emile, préside aujourd’hui la société, qui a fusionné avec Fichaux.
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Jean-Bernard Lévy

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