Jean-Pierre Chevènement : « Les guerres civiles commencent toujours à bas bruit »
Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, la société française est face à un « danger certain de fragmentation ».
Son nom incarne droiture républicaine et autorité régalienne. Pour redonner de la hauteur et de l’assise à son quinquennat, Emmanuel Macron s’inspirerait de la vision de Jean-Pierre Chevènement, qu’il croisa, étudiant, au sein de son Mouvement des citoyens. L’ancien ministre de l’Education, de la Défense et de l’Intérieur, aujourd’hui âgé de 80 ans, nous a reçu dans les bureaux de la Fondation Res Publica, qu’il préside.
Le Point: On entend dire dans les cercles du pouvoir, pour affronter les questions d’islamisme, de laïcité, d’immigration, d’autorité: «Ah! si l’on avait un Chevènement!» Comment interprétez-vous cet appel?
Il y a sûrement de jeunes Chevènement dans le paysage politique… Des gens capables de lucidité, et de s’inscrire dans une vision large, dans un temps long.
Jean-Pierre Chevènement : Qu’entendez-vous par vision large?
Une vision considérant que les problèmes d’immigration concernent autant les pays d’origine que les pays d’accueil. J’approuve l’initiative d’Emmanuel Macron de se saisir de ce sujet crucial, même si je regrette que le débat parlementaire qu’il a engagé se soit déroulé sans vote. On attend encore une grande politique d’immigration, indissociable de mesures pour l’intégration et se fondant sur le concours de deux volontés : celle des impétrants à notre nationalité, qui doivent accepter les lois républicaines, apprendre le français et travailler, et celle de la France, qui doit mettre en oeuvre des politiques égalitaires