Le mépolizumab, sous-évalué chez l’enfant
ASTHME Seule en France à divulguer une information indépendante aux prescripteurs, aux pharmaciens et au public, la revue Prescrire est actuellement mise à l’honneur avec le procès du Mediator, qu’elle a jugé comme un mauvais médicament pendant des décennies avant que n’éclate le scandale. Dans son dernier numéro, elle part en guerre contre un nouveau traitement pédiatrique contre l’asthme.
Chez les enfants et les adolescents touchés par cette maladie de façon persistante et sévère, quand les produits habituels inhalés ne suffisent pas, la cortisone par voie orale est la solution de premier choix malgré ses nombreux et sérieux effets indésirables. L’Union européenne vient d’autoriser, dès l’âge de 6 ans et dans cette situation, le mépolizumab, commercialement dénommé Nucala, à la suite d’une évaluation « indigente », écrit la revue. Ce produit immunosuppresseur pouvait déjà être prescrit aux adultes souffrant d’asthme sévère, sans que cette expérience soit concluante. Il apporte au mieux une efficacité modeste chez des personnes ne supportant plus le traitement habituel, ce qui peut justifier sa prescription, mais il ne diminue pas, ou à peine, les crises et la prise de cortisone, alors qu’il expose à des méfaits graves – infections, allergies – et suscite des doutes quant à l’induction de troubles cardio-vasculaires et cancéreux. En dépit de ce faible intérêt chez l’adulte, et sur la base de 3 minces essais incluant très peu de jeunes patients (seulement 60) pendant de très courtes durées (douze, vingtquatre et trente-deux semaines), l’Agence européenne des médicaments a donné son blanc-seing à Nucala pour une prescription chez l’enfant et l’adolescent. Les inconnues sur la croissance et le développement, sur les effets cardio-vasculaires et sur le risque de cancer n’ont pas été levées. Prescrire considère que le dossier présenté par GlaxoSmithKline, l’un des dix géants de l’industrie pharmaceutique mondiale, aurait dû conduire à un refus d’autorisation. Une fois de plus, la revue appelle à renforcer les règles d’évaluation des médicaments pour les plus jeunes patients
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