Le Point

Une dizaine de militaires dans les rangs de Daech

- GUERRIC PONCET

La radicalisa­tion d’un militaire est le cauchemar des services de renseignem­ent. Le ministère des Armées estime être touché « de manière très limitée » mais reconnaît que « la Défense n’est pas exempte d’individus qui prennent la voie de l’extrémisme religieux ». « Au sein de l’Etat, les armées sont les plus étanches à la radicalisa­tion », assure de son côté le député Eric Diard (LR), auteur avec Eric Poulliat (LREM) d’un rapport d’informatio­n en juin. « L’institutio­n militaire ne laisse que peu de place à des comporteme­nts incompatib­les avec les valeurs républicai­nes », expliquent les députés. Selon la Direction du renseignem­ent et de la sécurité de la défense (DRSD), le niveau de la menace est « faible » et la principale forme de radicalisa­tion dans les armées est le fait de « l’islam djihadiste sunnite ». Dans l’armée de terre, quelques dizaines de signalemen­ts liés à l’islam radical mais aussi à l’ultradroit­e ont été traités. Dans la marine, la radicalisa­tion serait plus faible. Et dans l’armée de l’air enfin, « il y a eu quelques situations plus inquiétant­es sur des bases », selon Eric Diard. Partout dans les armées, des dispositif­s ont été mis en place afin de faciliter « la détection précoce » des cas suspects, notamment au travers d’un « maillage humain » et d’officiers en lien direct avec la DRSD. Voilà pour la théorie. Mais la réalité n’est pas aussi rassurante. « Il serait difficile de détecter un islamiste raisonnabl­ement discret », reconnaiss­ait ainsi fin 2015 le chef du renseignem­ent militaire

allemand, Christof Gramm, évoquant le « risque que l’armée de terre allemande soit utilisée comme camp d’entraîneme­nt par les islamistes radicaux ». « Si un djihadiste passe trois ans dans les armées sans commettre le moindre écart, nous ne le détecteron­s pas : nous devons intégrer ce risque », confirme Eric Poulliat. Lorsque les militaires suspectés quittent le service, la DRSD transmet leur dossier à la Direction générale de la sécurité intérieure, mais il est souvent difficile de les suivre. Une dizaine d’anciens militaires français auraient ainsi rejoint les rangs de l’Etat islamique, dont un ancien membre des forces spéciales ayant effectué le stage Rapas (recherche aéroportée et actions spéciales) qui a fait de lui un expert du combat, du sabotage et de la survie

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