Questions autour d’une habilitation
Silence dans les rangs. Dès la tragédie du 3 octobre, Françoise Bilancini, la patronne de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), où travaillait Mickaël Harpon, aurait fait le tour des bureaux pour rappeler aux 850 agents qu’ils sont liés par le secret-défense. L’habilitation au secret-défense constitue le sésame pour travailler au sein d’un service de renseignement. Il permet l’accès à des données classifiées. Le « besoin d’en connaître », selon le jargon du « Rens », est nécessaire à tout accès aux documents classifiés. Le policier candidat doit montrer patte blanche. Son CV doit être quasi irréprochable, de même que celui de sa famille au sens large. Il ne doit communiquer avec aucun service ou pays étranger. Pour les binationaux, voire pour certains qui présenteraient une « fragilité », les habilitations peuvent être provisoires. A la DRPP (structure qui, en 2008, a succédé aux fameux RG), jusqu’à l’arrivée de Françoise Bilancini, le processus était plus léger que dans les autres services de renseignement. L’ex-numéro trois de la DGSI, en quittant Levallois-Perret pour l’île de la Cité, a tenu à relever les critères d’habilitation au même niveau que ceux de la centrale, chef de file de la lutte antiterroriste en France. Malheureusement, Mickaël Harpon y a échappé. Sa dernière habilitation date de 2013 : des changements au sein de la procédure lui ont permis d’éviter une nouvelle enquête de criblage poussée, notamment sur son entourage, en 2018. Sa prochaine habilitation était prévue pour 2020. Trop tard
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