Spécial placements
Sans attendre l’instauration d’un régime par points, le gouvernement pose la première brique de sa réforme des retraites.
C’est parti ! Après des mois de préparation, la loi Pacte vient de trouver sa première traduction avec le lancement du nouveau plan d’épargne retraite (PER). L’objectif est clair : inciter les Français à se constituer un complément de retraite par capitalisation. Une démarche d’autant plus nécessaire que la future réforme des régimes obligatoires entraînera, pour beaucoup, une diminution de leurs pensions par rapport à leur dernier salaire : prise en compte de l’intégralité de leur parcours professionnel, et non plus des vingt-cinq meilleures années, pour les salariés du privé, et non plus des six derniers mois pour les fonctionnaires, ajustement de la durée de cotisation et de la valeur du point en fonction de l’équilibre financier du nouveau régime par répartition. Le Premier ministre a d’ailleurs commandé au Conseil d’orientation des retraites de nouvelles projections pour les prochaines années. Des projections qui devront tenir compte du ralentissement de la croissance en Europe. Mais surtout l’évolution démographique est inexorable : elle se traduira par moins de cotisants par inactif.
Les Français devront compter de plus en plus sur eux-mêmes pour compléter leurs revenus à la retraite. Cela passe par l’immobilier, par toutes sortes de placements financiers (assurance-vie, actions, livrets…) et par cette « enveloppe » que propose le gouvernement. Rien de révolutionnaire : elle ne fait que rassembler différents plans existants. Avec quelques aménagements positifs, comme la possibilité de récupérer son argent lors de la retraite sous forme de capital, ou une plus grande facilité pour transférer les différents produits d’épargne retraite accumulés au fil du temps, et quelques chausse-trapes aussi, comme une plus lourde fiscalité. Les avantages à la souscription sont gardés mais repris lors du versement des rentes ou du capital, si bien que certains seront incités à ne pas demander les réductions d’impôt.
Même si les évolutions démographique et financière vont dans le sens des mesures annoncées par le chef de l’Etat, même si nos voisins européens ont massivement développé la capitalisation avant nous, le gouvernement pourrait être déçu. Son espoir : que l’épargne retraite atteigne 300 milliards d’euros en 2022, contre 230 milliards aujourd’hui, un montant qui permettrait d’augmenter le financement de nos entreprises.
La réforme annoncée par le candidat Macron n’a cessé d’être reculée dans le temps et les pistes avancées d’être contestées. Or l’adhésion au plan d’épargne retraite en dépend. Même si les Français sont conscients qu’ils auront moins que leurs parents à la retraite, qu’il leur faut agir, comment les inciter à épargner dans le cadre du nouveau dispositif proposé, alors même qu’ils nagent dans le plus grand flou sur l’essentiel, qu’ils ne savent pas comment sera pris en compte le coût de la dépendance ? Toutes ces réformes sont indissociables
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