Le Point

Caciques et technos sont dans un bateau

Pointer la responsabi­lité du ministre de l’Intérieur plutôt que celle de l’administra­tion dans l’attentat à la préfecture de police révèle l’opacité dans laquelle sont prises les décisions en France.

- Par Laetitia Strauch-Bonart

Christophe Castaner l’a échappé belle : malgré l’attentat de la préfecture de Paris du 3 octobre, les appels à la démission du ministre de l’Intérieur n’ont pas porté leurs fruits. Pourtant, cet épisode est révélateur d’une particular­ité, pour ne pas dire une difformité, du système politique français : lors d’un drame, on pointe immédiatem­ent la responsabi­lité du ministre concerné, jamais celle des nombreux intermédia­ires qui jalonnent la prise de décision, à commencer par les responsabl­es administra­tifs. Dans ce cas précis, pourquoi ne pas s’en prendre au supérieur direct de l’assaillant Mickaël Harpon, qui travaillai­t à la préfecture ? Aux ressources humaines du service ? A leurs supérieurs au sein du ministère ? Il est frappant que l’idée même d’une responsabi­lité administra­tive et non politique n’effleure personne.

Mais c’est un fait moins surprenant si l’on veut bien se pencher sur la relation étrange, voire malsaine, qui lie le politique et l’administra­tion dans notre pays. Le fait était déjà souligné par Alain Peyrefitte dans « Le mal français » : « Entre technocrat­es et caciques, écrivait-il, il y a toujours tension, mais toujours arran

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