Français de Daech : le scénario redouté…
« Attendez-nous, on arrive ! » Les messages sont tombés lorsque les troupes turques franchissaient la frontière. Sur leurs portables, les femmes de Daech détenues dans les camps reçoivent des nouvelles enthousiastes de leurs maris, incarcérés dans d’autres centres. Dans les tentes, l’optimisme gagne. Les Kurdes, eux, redoutent le chaos. Depuis le lancement de l’offensive turque, les camps du Kurdistan syrien menacent à tout moment d’ouvrir leurs portes. Parmi eux, trois sites (Al-Hol, Aïn Issa, Roj) regroupant 80 000 réfugiés, dont des femmes et des enfants liés à l’EI, mais aussi sept prisons, où s’entassent 12 000 combattants djihadistes (dont 2 000 étrangers). Cinq hommes ont déjà fui à la faveur d’un bombardement à proximité de leur prison, à Qamichli. A Aïn Issa, 800 femmes et enfants ont fui le camp. Les gardes kurdes affirment avoir été attaqués par des « mercenaires » et des
« éléments de Daech » présents dans l’enceinte. Ils auraient été contraints de céder le passage. D’autres sources avancent que les gardes, appelés sur le front, auraient abandonné le camp. Enfin, à Al-Hol, une rébellion a éclaté. Après avoir mis le feu à des tentes, des femmes s’en sont prises au personnel à coups de bâton et de pierres. Une situation explosive devenue la principale préoccupation de l’Elysée : 400 Français de Daech, dont 250 enfants, sont détenus dans le nord-est de la Syrie. Les familles réclament leur rapatriement, mais le gouvernement s’en tient à sa ligne : « Ils doivent être jugés sur place. » Trump lui-même a fustigé l’inaction de Paris et de Berlin : « On ne va tout de même pas les mettre dans nos prisons de Guantanamo », a-t-il lancé. Au cours de leur retraite précipitée, les forces américaines ont néanmoins pris soin d’exfiltrer deux figures de l’organisation terroriste : Alexanda Kotey, 35 ans, et El Shafee Elsheikh, 31 ans, deux Britanniques, membres de la cellule « The Beatles » et responsables de la décapitation d’Occidentaux, dont le journaliste américain James Foley. Les deux djihadistes auraient été transférés en Irak avant un éventuel procès aux Etats-Unis. Ceux qui resteront derrière les barreaux verront désormais leur sort réglé par Ankara, ou même par Damas, si les troupes syriennes appelées à la rescousse par les Kurdes parviennent à se déployer jusqu’à la frontière
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