Le Point

LES VISAGES DE L’AMOUR.

- CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT

« L’amour est enfant de bohème », disait Carmen. Mais il est aussi, disaient les Anciens – et notamment la poétesse Sappho, de Lesbos –, un « briseur de membres ». Enfin, ça c’est pour eros, l’amour-passion, car les Grecs avaient un autre mot pour l’amour, philia, qui s’applique aux sentiments qui unissent deux amis, ou deux époux, l’amour dit conjugal… Ces visages de l’amour « à l’ancienne », Eva Cantarella, professeur­e de droit grec et romain à Milan, les étudie dans « Les plus belles histoires d’amour de l’Antiquité » (Albin Michel, 208 p. 17,90 €). Tous les couples de légende sont là, d’Orphée et Eurydice à Néron et Doryphore, et aussi ceux qui ne le sont pas et gagneraien­t pourtant à être connus : comme celui-ci, qui n’a pas de nom mais dont l’un des membres a témoigné de ses sentiments par une inscriptio­n – naïve ou perverse – retrouvée dans les ruines d’Herculanum : « Hic ego cum domina resoluto clune peregi, tales sed versus scribere turpe fuit. » Soit, en français : « Ici, les fesses à l’air, j’ai fait l’amour avec ma femme, mais écrire cela m’a rempli de honte. » ■

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