Portrait d’un perdant

« New York sera toujours là en janvier », de Richard Price. Comme il est grand, déjà, Price, en 1983 ! Si bien qu’on peine à qualifier ce roman de « jeunesse ». Il a 34 ans, il va bientôt écrire le scénario de « La couleur de l’argent », de Scorsese, et il ignore qu’un jour il cosignera la série policière « The Wire ». Pourtant tout est déjà là.

Sa ville, New York, cette écriture limpide et profonde à la fois, les dialogues ciselés, une émotion à fendre le coeur. Price brosse ici les ratés du démarrage dans la vie d’un jeune homme. Peter Keller débarque de province, porté par la fierté d’une famille qui se saigne aux quatre veines pour lui payer des études qui n’aboutissent à rien. Sinon à des petits boulots, la dépréciation de soi, le nez en l’air et les pieds dans le tapis. Un faux roman initiatique, mais une vraie comédie réaliste, mordante, pleine de racisme moisi et autres aspérités qui nous rappellent que l’Amérique n’a pas toujours la bien-pensance d’un Disney

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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Martinache

(Presses de la Cité, 592 p., 23 €).

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