Sexe, fric et prix Nobel
Scandale. Voilà qui est fait. Moment historique, quoique étrange, ce n’est pas un mais deux prix Nobel de littérature qui viennent d’être décernés, l’un à Olga Tokarczuk, pour 2018, l’autre à Peter Handke, pour 2019. Impensable pour une institution immuable depuis 1786, mais qui s’est vu dynamitée de l’intérieur par un Français. Fin 2017, dans le sillage de l’affaire Weinstein, le scandale Jean-Claude Arnault explose. Marié à une académicienne, Arnault est accusé, avec elle, de fraude fiscale, de conflits d’intérêts, de détournement d’argent et, à lui seul, de dix-huit viols et agressions sexuelles ! S’ensuivent des mois d’hystérie collective. A cela s’ajoutent des guerres intestines au sein de l’Académie, des démissions, des intimidations, et même l’intervention du roi. Du pain bénit pour le Français Olivier Truc, installé en Suède depuis 1994. Correspondant de presse, romancier à succès, il se livre, dans «L’affaire Nobel», à un décryptage de ces deux ans de vilenies. Le résultat est pointu, sans être technique, et révèle, derrière le voile sulfureux du scandale, une société dite modèle, elle-même profondément en crise
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« L’affaire Nobel », d’Olivier Truc (Grasset, 272 p., 19 €).