Querelle à l’usine… et contre tous
Roman. Les hommes font la queue pour coucher avec lui. Querelle, affolant héros du roman du Québécois Kevin Lambert, fascine autant qu’il fait jaser. « Querelle : le mot circule, se monnaie, on se l’échange à mi-voix (…), on le crie bien fort entre deux hot chickens au Motoneige, on n’a jamais vu le garçon, mais on tire son portrait comme on imagine les personnages des contes cruels et ter- rifiants que racontent nos cousins, l’été, sous la tente. » Ce jeune ouvrier vient d’être embauché dans une scierie de la région du lac Saint-Jean, dans laquelle une grève est en cours. Kevin Lambert ausculte le quotidien de ces travailleurs en lutte. Cet admirateur de Genet signe un livre cru, parfois jusqu’à l’exagération, dans une langue sans cesse inventive et puissante. Chez lui, le sexe est aussi politique, tant c’est un outil de déstabilisation sociale et intime qui éclaire les êtres et leurs sombres vérités. Le beau Querelle traverse le livre en révélant les êtres, au fil d’une galerie de personnages campés avec force. Un livre féroce, tonique, explosif
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« Querelle », de Kevin Lambert
(Le Nouvel Attila, 236 p., 19 €).