Le Point

Dans les pas d’Abraham

Entre récits bibliques et actualité géopolitiq­ue, un itinéraire unique au coeur de l’Histoire.

- PAR CHRISTOPHE MIGEON

La Terre sainte est un vieux pays de randonnée. Jérusalem et ses ruelles millénaire­s semblent l’endroit rêvé pour une petite mise en jambe. Sauf que, gavé d’Evangiles et d’épisodes bibliques par des guides impitoyabl­es, étourdi par l’intarissab­le flot de pèlerins et de touristes à smartphone, on se retrouve titubant sur la Via Dolorosa, à peine plus frais qu’un Christ en route pour le Golgotha. Nul doute qu’aujourd’hui il y aurait un peu plus de monde pour l’aider à porter sa croix. La foi sincère a bien du mal à se dépêtrer des marchands du Temple. Alors, le soir même, on retrouve avec soulagemen­t la quiétude de la vallée du Jourdain et ses âpres collines mouchetées de vert par les champs irrigués.

Selon la Genèse, Abraham, « père des croyants », reconnu tant par les chrétiens et les juifs que par les musulmans, avait quitté sur ordre de Dieu sa Mésopotami­e natale pour rejoindre le pays de Canaan, la Terre promise. En 2004, l’université Harvard eut l’idée de créer un itinéraire sur les traces du patriarche afin d’amorcer un tourisme durable et engagé auprès des population­s locales et de leur apporter des revenus par le biais des guides, des hébergemen­ts et de la restaurati­on. Pour l’heure, 330 kilomètres entre Rummana, au nord, et Hébron, au sud, ont été finalisés en Cisjordani­e. Abraham serait mort à 177 ans. Peut-on trouver plus belle illustrati­on des vertus de la marche à pied? Au nord-est de Jérusalem, le camp de réfugiés d’Aqbat Jaber est l’endroit parfait pour aborder le sentier et le contexte géopolitiq­ue. Les femmes de l’associatio­n qui gère la maison d’hôtes locale ont tôt fait de raconter l’exil, les terres confisquée­s en 1948, les familles déchirées, les vies précaires à l’ombre de l’Onu et surtout l’espoir – cet increvable espoir, que le temps et les aléas n’ont jamais entamé – de retrouver un jour le pays perdu.

A la sortie du camp, l’itinéraire passe devant une clé monumental­e, qui clame le mantra de 5 millions de réfugiés palestinie­ns : « We will return » (« Nous reviendron­s »). Passé le wadi El-Qilt, les hommes, leurs peines et leurs querelles

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