Plein phare sur une des étapes mythiques du GR34, qui vient de fêter son 50e anniversaire.
Ciel bleu et légère brise. Ce matin-là, à Perros-Guirec, les conditions sont optimales pour sillonner le GR34, le plus étendu des sentiers de grande randonnée : 2 000 kilomètres, du Mont-Saint-Michel au pont de Saint-Nazaire. Il longe le littoral des quatre départements bretons, s’enfonce parfois dans l’intérieur des terres, mais la mer n’est jamais loin, à portée de regard. Et pour cause : il suit le tracé de l’ancien sentier des douaniers. Il fut créé à la fin du XVIIIe siècle pour stopper la contrebande, avant d’être laissé à l’abandon.
C’est justement là, sur la Côte de Granit rose, qu’est né le GR34, à l’initiative d’un Lannionnais, Emile Orain. A partir de 1968, il part à l’assaut d’un tout premier chemin à défricher, entre la pointe de Beg Léguer et la plage de Pors Mabo, qu’il reconstitue à l’aide de cartes d’état-major. Une joyeuse troupe de l’auberge de jeunesse de Trébeurden l’accompagne, pelle, faucille et serpe en main, puis peint des rectangles rouges et blancs superposés : les fameuses balises des GR. En 1976, une loi instituant la servitude de passage des piétons le long du littoral permet de relier tous les sentiers débroussaillés, formant ainsi le mythique GR34, que plus de 9 millions de marcheurs ont emprunté l’an dernier.
Le tronçon entre Perros-Guirec et Trégastel, 12,5 kilomètres et 3 h 15 de marche, est l’un des plus spectaculaires de la Côte de Granit rose. Il faut d’abord grimper de la plage de Trestraou jusqu’au phare de Men Ruz, sur la pointe de Ploumanac’h. Sa tour carrée se dresse au milieu de roches granitiques comme on en voit sur tout le parcours : entassées, enchevêtrées, elles ont été façonnées depuis des millénaires par l’érosion naturelle, le vent, la pluie, le sel marin… Les plus impressionnantes mesurent 20 mètres de hauteur et semblent défier les lois de l’équilibre. Les randonneurs s’amusent à interpréter leurs formes extravagantes, devinant ici une
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