Le Point

La chronique de Patrick Besson

- Patrick Besson

Pourquoi le livre a-t-il résisté à toutes les nouveautés technologi­ques (radio, cinéma, télévision, Internet) ? Parce qu’à son service il y a des gens passionnés et, dans leur grande majorité, désintéres­sés: écrivains, éditeurs, critiques, libraires. Il y a quand même une chose qui les intéresse: les cocktails. Ils s’y rendent en masse non pour manger ni boire (buffet introuvabl­e ou inatteigna­ble), mais pour se retrouver, se reconnaîtr­e, se soutenir. Une soirée littéraire n’est pas une soirée, c’est un rassemblem­ent. Comme il y en avait chaque matin au 1er régiment de spahis en 1978. Je me revois, entre les autres compagnies compactes, annoncer : « Foyer rassemblé, présent 1, en service 8. » Ricanement­s. Service de la grasse matinée, me glissaient à l’oreille les taches de l’ECS ou du casernemen­t.

Les littéraire­s de tous bords sont en guerre pour leur survie et celle du livre. Ils ne ménagent pas leurs efforts : éditeurs bardés de manuscrits, critiques croulant sous les bouquins, libraires enfermés dans leurs cartons. De lectures publiques en forums Fnac, de fêtes en Salons du livre, ils sont au front sept jours sur sept ou presque. L’autre semaine, trois événements autour de deux écrivains (Gilles Legardinie­r, Jean-Christophe

Buisson) et d’une librairie (la

Librairie de Paris). Les éditions Flammarion réunissaie­nt une centainede­librairese­tquelques amis dans un restaurant de Montmartre, La Bohème du Tertre, où j’ai mangé en été 2016 les meilleures et les pires spaghettis bolognaise­s de ma vie. Je me comprends. Une bonne surprise au buffet: du crémant, le vin préféré de James Joyce. Il en buvait plusieurs bouteilles chaque soir au Fouquet’s. Il y a plusieurs crémants mais James ne buvait que celui des Grisons. N’est-il pas mort en Suisse ?

Après un fort agréable moment au Il Vicolo (34, rue Mazarine), où les éditions Perrin célébraien­t la sortie du « Siècle rouge » (27 euros), résumé chronologi­que des méfaits du marxisme au XXe siècle rédigé avec soin et alacrité par le directeur adjoint du Figaro Magazine, retour vers le 18e arrondisse­ment, où Antoine Gallimard et Philippe Touron fêtaient la rénovation de la Librairie de Paris, place de Clichy. Croisé Héloïse d’Ormesson, qui m’a appris que mon fils cadet s’était ébouillant­é avec une théière à Buenos Aires. Grâce à WhatsApp, il m’a appris aussitôt qu’il avait cicatrisé. Véronique Cardi portait une jolie robe longue, j’en ai conclu qu’elle avait laissé son vélo dans son bureau de la rue Jacob. Elle m’a présenté Mahir Guven, qui crée chez Lattès une nouvelle collection, « La Grenade ». On attend le lancement. Anne Hidalgo a fait l’éloge du roman, faute de pouvoir faire celui de la circulatio­n. Karina Hocine m’a parlé de sa rentrée littéraire chez Gallimard. C’était de bonne guerre

Anne Hidalgo a fait l’éloge du roman, faute de pouvoir faire celui de la circulatio­n.

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Evénements et rencontres à la Librairie de Paris.

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