L’affaire Caster Semenya rebondit
HYPERANDROGÉNIE Est-il juste de laisser courir avec les autres les athlètes féminines qui produisent naturellement beaucoup plus de testostérone ? C’est la controverse internationale, incarnée par la double championne olympique Caster Semenya, qui agite les milieux sportifs depuis quelques années. Une étude de l’Institut Karolinska, en Suède (randomisée en double aveugle), menée sur 48 femmes âgées de 18 à 35 ans, apporte un début de réponse. Elles ont été réparties en deux groupes, le premier recevant 10 milligrammes par jour de testostérone sous forme de crème pendant dix semaines, le second, une crème sans principe actif. Non seulement les participantes ayant reçu la testostérone ont vu leur temps de course sur un tapis roulant (jusqu’à épuisement) prolongé de 21,17 secondes, mais, en prime, elles ont aussi fabriqué plus de muscle, 923 grammes dans le groupe testostérone, alors que le groupe placebo n’en a fabriqué que 135 grammes.
Et ce sont les jambes qui en bénéficient le plus. Pour autant, si le gain de performance est significatif concernant l’endurance, il n’en va pas de même pour la puissance dans les jambes ni la force musculaire. Par ailleurs, sans qu’aucune augmentation ne soit observée chez celles utilisant le placebo, chez les femmes recevant la crème hormonale, les taux moyens de testostérone dans le sang sont passés de 0,9 nanomole par litre à 4,3 nanomoles par litre. C’est-à-dire moins que la limite imposée par la Fédération internationale d’athlétisme exigeant que les femmes affichant naturellement des taux de testostérone de plus 5 nanomoles par litre les réduisent artificiellement pour pouvoir participer aux courses. Un traitement que Caster Semenya a refusé de suivre. Pour les athlètes hyperandrogènes, le problème est loin d’être réglé (British Journal of Sports Medicine).