Emmanuel Macron : le pacte de Chambord
Comment le chef de l’Etat a conclu une alliance politique décisive avec l’influent « parti des chasseurs ».
Ce fut une polémique parisiano-française ! Quelques jours avant Noël 2017, Emmanuel Macron fête ses 40 ans au château de Chambord. Le président de la République pose devant un tableau de chasse. Le cliché n’aurait pas dû être pris, et encore moins dévoilé. Mais nous vivons à l’heure des réseaux sociaux, et le feu se propage. Nicolas Hulot a boudé, les oppositions ont tonné, les écolos ont menacé, les railleurs se sont moqués, la presse a critiqué… Tous sont passés à côté de l’essentiel : ces deux nuits en famille (Brigitte, ses filles et ses petits-enfants accompagnaient le chef de l’Etat) ont scellé une improbable mais décisive alliance entre le président et l’un des plus puissants groupes de pression du pays, celui des chasseurs.
Délaissés depuis de longues années, les 5 000 hectares du domaine royal ont été les témoins d’un pacte secret qui a bousculé les équilibres politiques du quinquennat naissant. Le président de la République fut courtois, attentionné et à l’écoute de Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), de Thierry Coste, habile lobbyiste, et des quelques fines gâchettes triées sur le volet qui partagèrent cette scène furtive mais décisive. Pour une fois, on ne les considérait pas comme des viandards. Mieux, ils étaient traités avec beaucoup de savoir-vivre par le locataire de l’Elysée. Neuf mois plus tard, ils obtinrent une réduction de près de 50 % sur le prix du permis de chasse et l’abandon de différentes dispositions qui visaient à restreindre certaines pratiques.
Nicolas Hulot, adversaire déclaré de la chasse, assista interdit et muet à cet ultime arbitrage. Conscient qu’il se battait contre plus puissant que lui, le ministre de la Transition écologique et solidaire n’opposa aucune résistance. Suprême humiliation, on lui demanda de « vendre » dans la presse cet accord que tous ses sens rejetaient. Il ne le fit pas et démissionna une semaine plus tard. Les chasseurs surent rendre la politesse:
« Diriger les chasses de Chambord, c’est tenir un boxon avec une armée de filles de joie. »