Le Point

Pierre Arditi : « Je ne bois pas pour que ça aille bien, mais parce que ça va bien ! »

Amateur de vins et de volailles du Pâtis, l’acteur refuse les injonction­s diététique­s de notre époque.

- PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS BASTUCK

mais il doit y avoir le plaisir de la matière. Il n’y a rien de plus jouissif qu’une côte de boeuf entière !

Vos premières émotions culinaires?

La cuisine de ma mère et de ma grand-mère, qui faisaient une magnifique volaille crémée, un peu façon waterzooi - elles étaient belges. La bête rôtissait dans un petit four à bois ; quand elle en sortait, brûlante, on avait droit à un petit bout de blanc ou de peau. Le goût de l’enfance, c’est quand même ça, le truc !

Etes-vous bon cuisinier?

Je cuisine honorablem­ent. Je m’en sors plutôt bien avec les poissons. Il y a un truc que j’adore faire: la caldeirada, sorte de bouillabai­sse portugaise. Le jus de la palourde se mélange au vin blanc qui cuit le calamar et les pommes de terre, un régal !

Votre repas le plus mémorable?

Il y en a tant… Peut-être celui que j’ai fait au Crocodile, une institutio­n strasbourg­eoise où j’avais invité mes amis Maurice Baquet et Claude Evrard. Nous jouions le « Tailleur pour dames », de Feydeau, et nous avons bu un petrus 1970 ou 1978 – j’ai un doute sur le millésime – servi sur une volaille avec des spaetzles. C’est la première fois que je pouvais m’offrir ça. Nous étions en larmes, tellement c’était bon. Avoir partagé ça avec deux êtres aussi délicieux, c’est inoubliabl­e !

Le vin est l’une des grandes affaires de votre vie. Vous venez d’ailleurs de lui consacrer un livre.

Le vin, c’est la vie, et c’est ça qu’il faut célébrer car, à un moment, ça va s’arrêter. Le vin est indissocia­ble de l’amour et de l’amitié.

«Boire avec modération» est une formule qui vous agace.

Ça m’exaspère, car je ne suis pas un homme modéré. Je peux avoir des emportemen­ts, comme ce jour où je participai­s à une dégustatio­n de côte-rôtie, alors que je jouais « Don Juan » le soir, à Saint-Etienne. Je me disais à chaque verre : « Tu ne peux pas recracher ça ! » si bien que je suis arrivé sur scène ivre mort. J’ai joué comme un porc et appris là que le vin pouvait se transforme­r en ennemi. Quand je conduis, je ne m’autorise même pas un demi-verre. Et je combats l’addiction à l’alcool. Il ne faut pas laisser le vin décider à votre place. Je ne bois pas pour que ça aille bien, mais parce que je vais bien !

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