Retraites, les craques
Pour mobiliser ses troupes le 5 décembre, le syndicat n’hésite pas à tordre la réalité dans l’argumentaire qu’il diffuse sur Internet. Décryptage.
tions de retraités par de nouveaux retraités aux pensions en moyenne plus élevées, en raison notamment de la progression de l’activité féminine. Cet effet tend toutefois à se ralentir sur les années récentes ; sous l’effet des réformes de retraite, les générations qui arrivent aujourd’hui à la retraite liquident leurs pensions avec des taux de remplacement plus faibles. »
La conclusion de la CGT, qui a « calculé que les retraites vont baisser en moyenne de 25 % très rapidement », est donc totalement fausse.
« Les règles actuelles tendent à opérer une redistribution à l’envers avant la prise en compte d’instruments correctifs comme la validation de trimestres non cotisés », souligne ainsi Hervé Boulhol, économiste principal de l’OCDE sur les retraites. Il est donc possible d’obtenir le même niveau de redistribution avec moins de dépenses de solidarité ou d’accroître la solidarité par rapport à la situation actuelle. Le gouvernement s’est engagé à reprendre l’enveloppe actuelle destinée aux mécanismes de solidarité. Le système pourrait donc être plus redistributif, mais les cadres aux carrières ascendantes seront perdants.
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L’argument de la baisse de la valeur du point en cas de crise est discutable. Oui, le système devra être équilibré financièrement, mais pas année par année ; cela signifie donc que cet ajustement se fera sur la durée d’un cycle économique (par exemple cinq ans), ce qui est sain. En période de mauvaise croissance, le régime sera en déficit. Puis il devra être en excédent pour apurer la dette accumulée pendant les mauvaises années. La valeur du point sera indexée sur les salaires et non plus sur l’inflation, ce qui garantit une évolution plus dynamique, mieux adaptée à la croissance du pays et donc aux recettes du système de retraite. Mais le risque existe que cette revalorisation soit moins forte que l’inflation dans les années de crise. Quant à la valeur de « service » du point, c’est-à-dire sa conversion en euros au moment de la retraite, elle ne pourra pas baisser, a promis le gouvernement, qui prévoit de l’inscrire dans la loi.
Les cotisations ne seront pas « plafonnées », comme l’affirme la CGT. Mais il est vrai que les augmenter donnerait de meilleures pensions puisque celles-ci reposeront sur le montant des cotisations versées tout au long de la carrière dans le régime universel. Jouer sur les cotisations ne permettrait donc pas, en théorie, de redresser l’équilibre financier du système, ce qui fait reposer l’ajustement sur le montant des retraites ou sur l’âge de départ. Toutefois, il sera possible de contourner ce problème en créant des cotisations qui ne généreront pas de droits à la retraite.
Quant au cas de la Suède, il n’est pas strictement comparable. Le système n’est pas en points mais en comptes notionnels, et il est couplé à un système de capitalisation beaucoup plus développé, ce qui ne
LA RÉALITÉ