Le Point

Malick, le mystérieux

- J.-L. W.

Terrence Malick, 76 ans, Palme d’or à Cannes pour « The Tree of Life » (2011), est du genre secret. Si sa vie est un mystère, sa filmograph­ie ne l’est pas. En 2019, au Festival de Cannes, le soir de la projection d’« Une vie cachée », il n’est apparu qu’à la fin des trois heures du film. Quelques minutes avant le générique de fin, il a téléphoné à Thierry Frémaux, délégué général du festival, pour lui dire qu’il était là. « Ce soir-là, sa présence suffisait pour honorer le film. Je lui ai présenté Pedro Almodovar et on a fait une belle photo, c’est tout », raconte Thierry Frémaux. Leur rencontre remonte aux années 2000 grâce à un ami commun. « Terrence Malick a une passion pour le cinéma muet, poursuit-il. Bien sûr, on a parlé de cinéma et du Festival Lumière à Lyon. C’est un homme très simple, curieux de tout, qui possède une culture très européenne, passionné de musique classique. Et il parle très bien le français parce qu’il aurait vécu dans sa jeunesse en France. » Diplômé de Harvard, féru de philosophi­e, Malick a débuté comme journalist­e chez Life puis au New Yorker, avant de suivre les cours de l’American Film Institute, de rencontrer George Stevens, futur producteur de « La ligne rouge », et de se lancer dans le cinéma à 28 ans. Son premier film, « La balade sauvage » (1974), avec Martin Sheen et Sissy Spacek, ou l’équipée sanglante de deux amants contrariés, est saluée par la critique. Quatre ans plus tard, il revient avec « Les moissons du ciel », magnifique fresque élégiaque sur les grands espaces avec Richard Gere. Puis, vingt ans de silence qui vont forger la légende Malick, qui réapparaît­ra avec « La ligne rouge » (1998), sur la bataille de Guadalcana­l, avec Sean Penn, Woody Harrelson, George Clooney, Adrien Brody, Nick Nolte, John Travolta… « Je croyais vraiment, se souvient Thierry Frémaux, qu’il ne referait jamais plus de cinéma. Puis, un jour de 2010, il m’a appelé pour me dire : “J’ai quelque chose à te montrer.” C’était “The Tree of Life” ». On le sélectionn­e. Au dernier moment, Malick préfère retirer le film parce qu’il n’est pas prêt. Il faudra attendre l’année suivante. Très loin des canons du marketing hollywoodi­en, Malick n’a pas de stratégie pour faire parler de lui. Ses films le font à sa place. Mais pourquoi tant de temps pour tourner un film ? « Il faut que je retourne de temps en temps dans la vraie vie. » C’est peut-être là le seul secret de ce cinéaste

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Terrence Malick.

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