Aïda Muluneh au fil de l’eau
Révélée lors des Rencontres de Bamako, elle est aujourd’hui l’une des plus grandes photographes africaines. Portrait.
Elle vit entre Abidjan et Addis-Abeba, parcourt le monde, mais on arrive à la rencontrer un beau jour d’automne lors de la septième édition de la Foire d’art africain contemporain 1-54 de Londres. Aïda Muluneh, 45 ans, artiste et entrepreneuse culturelle, y exposait son dernier travail, réalisé dans la ville la plus chaude du monde, située dans son pays natal : l’Ethiopie. En moyenne il fait 45 degrés à Dallo. Mais que diable est-elle allée faire dans cette région ? Shooter la série de douze photos pour la campagne de l’ONG WaterAid, alertant sur le manque d’accès à l’eau saine dans le monde. Et de femme en femme, dans ce décor onirique où elle fait entrer la modernité, elle imprime sa marque immédiatement identifiable pour raconter une histoire en douze tableaux : celle de l’accès à l’eau aujourd’hui dans certains lieux de la planète, qui repose, du moins dans le continent africain, sur les épaules des femmes. « La force et la dignité des femmes, voilà ce que montre mon travail », dit Aïda Muluneh, qui avait déjà tourné dans ce désert du Danakil un clip pour la chanteuse Fatoumata Diawara. Pour cette série, l’artiste a de nouveau fait travailler une des trois modèles avec lesquelles elle oeuvre le plus souvent. Ces femmes sont son double, les projections de sa personnalité dans la photo, composant « une sorte de journal visuel de [s]on expérience ». Le visage et le corps peints, elles sont vêtues et entourées de matières aux couleurs vives qui donnent au travail de la photographe cette dimension qualifiée souvent d’«afrofuturiste ».
« La dimension du corps peint remonte à une tradition en Afrique, mais pas seulement, on en trouve aussi au Brésil. Quant aux couleurs, je me suis rendu compte qu’inconsciemment elles provenaient de mon héritage culturel, puisqu’en Ethiopie les églises sont peintes de couleurs primaires. Certains disent que mon travail est “pop” mais ces bleus ou ces rouges vifs expriment surtout l’intensité de ce que je veux montrer, de ce que je ressens. Mes photos contiennent aussi une certaine noirceur, mais elle est moins visible. »
Ce « bodypainting » ou « facepainting », Aïda Muluneh l’a pratiqué pour la première fois alors qu’elle était étudiante aux Etats-Unis, pour l’affiche d’un défilé de mode, en s’inspirant des tatouages que les Ethiopiennes portent sur le cou, signe de beauté. Son entrée dans le monde de la photo vient de cette « première ». A partir de la Biennale africaine de la photo de Bamako (1), où elle fut sélectionnée en 2007 par Simon Njami, elle a su imposer dans son art cette vision de la femme africaine débarrassée de tout exotisme ou sexualisation. « Je dois tout à Bamako », ditelle, et surtout son retour sur le continent, où elle vit et travaille aujourd’hui en formant de jeunes photographes ivoiriens à la Fondation Donwahi (2). Elle oeuvre à l’édition 2020 d’Addis Foto Fest, qu’elle a créé dans sa ville natale, inspirée par la manifestation malienne avec laquelle son festival alterne une année sur l’autre. Elle y a fondé Desta (Developping and Educating Society Through Art), qui veut dire « bonheur » en amharique, sa langue maternelle
■ 1. 12es Rencontres de Bamako - Biennale africaine de la photo, jusqu’au 31 janvier 2020. 2. La Fondation Donwahi, à Abidjan (Côté d’Ivoire), exposera «Water Life » en 2020.
Il est en France pour la promotion de « La tempête qui vient », deuxième volet de son nouveau Quatuor de Los Angeles. Une intrigue dense, qui mêle le vrai et le fictif, vingt-trois jours après l’attaque de Pearl Harbor, en 1941. Une enquête de Dudley Smith et William Parker autour d’un cadavre, suite du roman «Perfidia», avec la rouquine Joan et la blonde Kay Lake, qu’incarnait Scarlett Johansson dans «Le dahlia noir », adapté par Brian De Palma. On y retrouve l’effet Ellroy, ses personnages sombres dans une époque parano, un style électrisé. Pour tenir en laisse celui qui s’autoproclame le Dog des lettres américain, et essayer d’avoir plus mordant que des jappements, nous l’avons emmené au cinéma. Il a choisi le Christine, son préféré à Paris, dans le 6e arrondissement. Dans la salle obscure, il est question du roman, et de sa fascination pour le monde du cinéma des années 1950.
« J’ai baisé Rita Hayworth »
Les Ellroy, avant l’arrivée de James, sont déjà liés à Hollywood. Sa mère, nous confie-t-il, « infirmière diplômée », s’est occupée de « la starlette alcoolique ZaSu Pitts ». Son père, Armand, comptable, gérait la déclaration de revenus d’acteurs hollywoodiens, tels Glen Ford et Eddy Foy. « Mais il mentait pas mal, il enjolivait », ajoute le romancier. Un jour, quand James (Lee Earle, de son vrai prénom) avait 11 ans, son père lui a dit: « Hey, junior, j’ai baisé Rita Hayworth. – Tu mens papa, tu mens comme un arracheur de dents (“like a dog”) », répond le gosse. Dix ans après la mort de son père, en 1975, junior tombe sur une biographie de Rita Hayworth dans une
« J’ai grandi à LA, sachant que le business se passait là et que chacun avait une histoire sale à raconter sur les stars. »
librairie de Westwood Village, à LA. Dans l’index figure bien le nom de son père, business manager. « Il s’était occupé de son mariage avec le prince Ali Khan à Paris, en 1949. Je crois que mon père a vraiment baisé Hayworth. »
Hollywood au paddock
Après l’assassinat de sa mère, Geneva Hilliker Ellroy, en 1958, dans des circonstances jamais élucidées, Ellroy, 10 ans, part vivre chez son père à Hollywood. « J’ai grandi à LA, sachant que le business se passait là et que chacun avait une histoire sale à raconter sur les stars. » « Marylin Monroe ? Camée, nympho, “putain”, dit-il en français, tout le monde le savait. » Plus tard, au lycée, dans les années 1960, Ellroy se souvient d’une maison, « très proche des studios, qui servait de baisodrome ». Les patrons de la Paramount passaient avec leurs petites amies. « Des prostituées, ou des jeunes filles en quête de percée dans le milieu du cinéma. Juste pour un rapide “Hun, hun, hun” », précise Ellroy, mimant poing serré le mouvement du pilon…
Films et romans fétiches
Après le divorce de ses parents, au milieu des années 1950, son père l'emmène au cinéma le samedi. Ellroy se souvient en particulier – dates et castings parfaitement mémorisés – du film de cow-boys et d’Indiens « Le grand chef », en 1955, avec Victor Mature, « Vingt mille lieues sous les mers », avec Kirk Douglas, Paul Lukas et James Mason. «Ces mecs-là », dit-il.
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