ET LE COLONEL OLRIK RENCONTRA MARILYN…
Biographie. Pères, faites attention aux cadeaux que vous offrez à vos enfants ! Ils peuvent non pas se retourner contre vous, mais donner bien des années plus tard à vos rejetons des idées pertinentes, drôles, épiques, qui vous conduiront peut-être à revisiter avec eux toute l’histoire du XXe siècle. Et à fortifier, ce qui n’est jamais un luxe, les liens père-fils dans une aventure commune. Ainsi de Laurent Védrine, qui, après avoir reçu année après année dans sa jeunesse les atlas géopolitiques de son célèbre père, Hubert, secrétaire général de l’Elysée sous Mitterrand puis ministre des Affaires étrangères sous Chirac, s’est mis en tête, devenu adulte et documentariste chevronné, de proposer à son géniteur un projet fou : retrouver la trace du colonel Olrik, le charismatique ennemi de Blake et Mortimer, pour en écrire, à deux, la biographie. Ah bon, il a existé, Olrik ? Oui, nous jurent les deux Védrine, qui non seulement ont mis la main sur des documents attestant sa réalité de chair et d’os, mais sont allés pister ce scélérat magnifique en Egypte, en Europe centrale et à Hongkong : né au début du XXe siècle sur une île balte, Olrik serait ainsi passé par la Russie avant de se mettre en Hongrie au service de l’amiral Horthy, de s’engager dans une expédition nazie vers leTib et et de montrer son museau dans bien des zones gris es de la planète, que ce soit auKatanga ou à Hollywood, où on l’aurait vu, sous le nom de Von Olrikson, fricoter avec Marilyn et Jayne Mansfield dans les parties fines données par Sinatra. C’est romanesque, mais diaboliquement étayé. Que tous ceux qui douteraient encore de l’existence du personnage – et du formidable pouvoir d’incarnation des grands héros de bande dessinée – se souviennent du célèbre mot du général de Gaulle : « Mon seul rival international, c’est Tintin. »
■ « Olrik, la biographie non autorisée », d’Hubert et Laurent Védrine (Fayard, 232 p., 20 €).