Le Point

A la tête de Cartier, Cyrille Vigneron a reposition­né la maison sur ses fondamenta­ux. Cet adepte du luxe raisonné a notamment forgé son expérience au pays du Soleil-Levant, où la griffe s’expose actuelleme­nt.

-

dialogue, en associant des antiquités à des pièces de joaillerie de différente­s époques. Ce rapport au temps incite à la méditation », livre Cyrille Vigneron.

Minimalism­e. « La période que j’ai passée au Japon a été très inspirante, avec une lecture différente du monde et un autre rapport à ce que l’on considère comme le luxe. Après l’opulence caractéris­tique des années 1980, on est peu à peu revenu à un luxe raisonné, frugal. Tout en devenant consuméris­te, le Japon a su conserver ce minimalism­e assumé », analyse ce PDG discret et pincesans-rire dont le style fait recette. Pourtant, rien ne destinait ce diplômé de l’ESCP, passé par l’industrie lourde, à devenir une figure de la place Vendôme. « Il y a trente ans, le secteur du luxe était marginal et attirait assez peu les jeunes diplômés, qui le considérai­ent comme une frivolité annexe », se souvient-il. Ce fan de photo, musicien à ses heures – qui, lors de sa « coopé » à Djibouti, jouait les écrivains publics –, est passé par la Compagnie générale d’électricit­é et Pechiney. Il ne rejoint Cartier que sur le tard, sous l’impulsion d’un ancien collègue. Et c’est dans l’empire du Soleil-Levant que sa carrière va prendre un vrai tournant. Il s’y installe au début des années 1990 pour diriger la filiale.

« Au Japon, si on n’a pas les codes ou les clés, on se cogne tout le temps, comme dans un labyrinthe de glaces. C’est un pays qui se découvre avec peine et se quitte avec encore plus de mal », reconnaît l’auteur d’un récit sur sa vie dans l’archipel (« De geishas en mangas. Chroniques du Japon d’aujourd’hui », paru chez Albin Michel).

Newspapers in French

Newspapers from France