Le mercato des chefs de cave
C’est tout à fait inédit en Champagne où, en principe, quand on atteint l’échelon envié de chef de cave dans une grande maison, on ne bouge plus. Les anciens, ceux qui sont partis à la retraite ces cinq ou dix dernières années, avaient ainsi fait leur carrière dans la même entreprise. Le chef de cave, c’est le personnage le plus important, à la fois premier violon, celui qui donne le la avant le concert, et le chef d’orchestre. Il fut des maisons autrefois où le propriétaire, pour descendre dans les caves, devait au préalable obtenir son autorisation. Mais, ces trois dernières années, on a assisté à un étrange balai, entre mercato footballistique, chaises musicales et théorie des dominos. Le départ de l’un pour une autre marque provoquant le départ d’un autre pour le remplacer. Ce fut d’abord le départ de Séverine Frerson, nouvellement nommée chez Piper-Heidsieck et partie pour Perrier-Jouët, puis (pour abréger) celui de Didier Mariotti de Mumm et qui vient d’être nommé chez Veuve Clicquot en remplacement de Dominique Demarville, qui rejoint Laurent Perrier en remplacement du futur retraité Michel Fauconnet, tandis que Laurent Fresnet quitte Henriot au profit de Mumm et qu’Emilien Boutillat part de Cattier pour rejoindre Piper-Heidsieck. Ouf ! S’ajoutent à cela les départs dits classiques, car Michel Fauconnet n’est pas le seul à faire valoir ses droits à la retraite, et l’on assiste aussi à l’arrivée de nouvelles têtes, telles celles de Julie Cavil chez Krug qui, depuis longtemps déjà, se préparait à succéder à Eric Lebel, ou Vincent Chaperon à la tête de Dom Pérignon, ou encore d’Alexandre Ponnavoy, chef de cave depuis la vendange 2018 de Taittinger…