Le Point

Exclusif : Edouard Philippe, confidence­s par gros temps.

Exclusif. Le Point a suivi durant une semaine le Premier ministre. Il explique comment il compte faire passer sa réforme des retraites.

- PAR JÉRÔME CORDELIER

Aujourd’hui, c’est bicyclette. Le haut-commissair­e aux retraites, Jean-Paul Delevoye, et les représenta­nts des syndicats et des confédérat­ions viennent de sortir de son bureau pour une énième réunion marathon sur la réforme des retraites, mais le Premier ministre arbore un visage souriant, détendu – enfin presque. Les boutons de manchette qu’il a choisis pour ce jour, ce qu’il fait en fonction de son humeur, chaque matin, donnent quelques indication­s sur celle du moment, même s’il convient, précise leur propriétai­re, de ne pas en surinterpr­éter la significat­ion. Quand même : Edouard Philippe aurait pu, parmi ses 197 paires (on lui en offre beaucoup), opter pour des raquettes de ping-pong ou des gants de boxe, mais, ce mardi 26 novembre, c’est bicyclette, histoire peut-être d’envoyer un signal : on pédale, on avance! Ce chantier, le candidat Macron a promis de le lancer pendant la campagne, et le président en a fait un marqueur de son quinquenna­t. Le mener à terme signerait sa faculté à réformer le pays, il en est le maître d’ouvrage et, comme pour tout, n’hésite pas à intervenir constammen­t dans la conduite des travaux. Mais celui qui en assume – le mot lui sied bien – au jour le jour la responsabi­lité, le maître d’oeuvre, en somme, c’est le Premier ministre, Edouard Philippe. Alors que celuici est poussé en première ligne sur un dossier qui charrie impatience­s, inquiétude­s et fantasmes, alors que le pouvoir s’attend à un blocage social d’ampleur à partir du 5 décembre, Le Point a voulu vivre ces heures cruciales au coeur du réacteur, l’hôtel Matignon, en suivant au plus près ceux qui l’activent.

Ce pouvoir, on le dit tendu, tétanisé même, par la pression de la rue, un an après le début de la crise des gilets jaunes. Pourtant, dans son bureau paisible, au premier étage de cet hôtel particulie­r (XVIIIe siècle) du 57, rue de Varenne ouvrant sur un vaste parc jonché de feuilles mortes, Edouard Philippe donne à voir un visage serein, une humeur presque primesauti­ère quoique besogneuse, qui se diffuse et que l’on ressent à tous les étages de la maison. Le Premier ministre s’efforce de maintenir cette « distance amusée qu’affectent les conseiller­s d’Etat », selon la formule d’un haut fonctionna­ire familier des lieux. Voilà sa force ? Pfft, balaie Philippe, qui apprécie les livres d’histoire, moins les romans à l’eau de rose. « Le sens de l’Etat, c’est du sérieux, il ne faut pas barguigner avec, mais j’ai la conviction que l’on peut faire les choses sérieuseme­nt sans se prendre au sérieux, explique le chef du gouverneme­nt. Les types qui ont la grosse tête

Dans l’antichambr­e de son bureau, un facétieux petit bronze d’un boxeur en action met en garde les visiteurs les plus coriaces.

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Clé. Edouard Philippe recevant le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, le 25 novembre. Plutôt conciliant, ce dernier s’est toutefois plaint publiqueme­nt des « tergiversa­tions du gouverneme­nt ».

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