Quand Depardon faisait son service
La double exposition « Depardon, photographe militaire », à Paris et à Toulon, révèle le talent précoce d’un jeune soldat…
Avant de devenir l’un des photographes légendaires de notre époque, étoile de la galaxie Magnum, l’agence fondée par Capa et Cartier-Bresson, Raymond Depardon a effectué son service militaire en travaillant comme photographe pour le magazine des armées TAM (Terre air mer) de 1962 à 1963. Devant ses images qui appartiennent au fonds iconographique de l’armée, l’infatigable arpenteur se souvient : « Au lendemain de la guerre d’Algérie, l’armée, qui souhaitait changer son image, décida de créer un journal pour remonter le moral des soldats. La revue était distribuée gratuitement à près de 350 000 exemplaires!» Depardon est brigadier-chef et, dans le civil, déjà pro depuis plus de deux ans à l’agence Delmas, qui l’avait envoyé couvrir les « événements » en Algérie. Une fois ses classes terminées en Lorraine, il rejoint l’équipe de la
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revue : « Travailler pour un journal, mon rêve ! » ■
Un vrai journal avec un « rédac chef » bientôt célèbre, Jacques Séguéla, de jeunes plumes comme Philippe Labro et des reportages sur le terrain, où, avec un Rolleiflex prêté par l’armée, qui met aussi à sa disposition un modèle grand angle, Depardon découvre la France nouvelle et apprend son métier. Déjà se révèle, en noir et blanc, en couleurs, son don du regard : cadre précis, angle de vue parfait, tout est déjà en place. Quant au fond, on y retrouve son goût pour l’humanité : les enfants, les jeunes, les familles, les couples, les soldats, les passants. « Je les avais oubliées, ces photos, alors que j’en étais fier lorsque je les ai faites. Et à les revoir, plus de cinquante ans après, je me dis que si je devais les refaire maintenant, eh bien, je ne changerais rien. » Pour Le Point, le photographe commente quelques clichés
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« Depardon, photographe militaire. 1962-1963 ». L’exposition est présentée au musée du Service de santé des armées – Ecole du Val-de-Grâce, 1, place Alphonse-Laveran, Paris 5e, jusqu’au 30 janvier 2020, et au musée national de la Marine de Toulon jusqu’au 31 décembre 2019. Catalogue Gallimard/Ministère des Armées/ECPAD, 35 €.