La guerre froide technologique a déjà commencé
Connaissez-vous Transsion, Boomplay ou Zhaoxin ? Ces trois entreprises, respectivement actrices de la construction de mobiles, de microprocesseurs ou encore de la diffusion de musique en streaming, sont nées en Chine ces quinze dernières années et, après avoir réussi en Afrique, sont bien décidées à conquérir le monde entier. Or elles vont devoir prendre leur essor dans un contexte qui s’apparente de plus en plus à celui d’une guerre froide numérique entre la Chine et les Etats-Unis, comme l’expliquent très bien l’ancien président de la Banque mondiale Robert Zoellick et l’analyste installé à Pékin Kai-Fu Lee. Début décembre, une vingtaine de journalistes européens basés aussi bien à Istanbul qu’à Rome ou Berlin ont été conviés à une conférence téléphonique un rien surprenante. Au bout du fil, Roslyn Layton et Robert Strayer, spécialistes de la cybersécurité auprès de la Maison-Blanche, ont mis en avant les risques sécuritaires qu’encouraient les opérateurs européens s’ils choisissaient de recourir aux services de l’équipementier de Shenzhen. Or, sur ce point, l’Europe apparaît bien divisée. Si l’espagnol Telefonica a décidé de recourir à Huawei pour son coeur de réseau en Espagne et en Allemagne, le norvégien Telenor a décidé de l’abandonner au profit du suédois Ericsson. La position de la France, elle, tarde à se faire connaître. « L’Europe, quel numéro de téléphone ? » aurait dit Henry Kissinger en 1970. Cinquante ans plus tard, le Vieux Continent gagnerait à parler d’une seule voix dans le combiné
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