Le Point

Assurance-vie : la baisse du rendement des fonds en euros a commencé

- PAGE DIRIGÉE PAR LAURENCE ALLARD

Les assureurs avaient annoncé en novembre qu’ils allaient réduire fortement la performanc­e 2019 du fonds en euros. C’est chose faite ! Trois d’entre eux sont passés à l’acte sans attendre la fin de l’année. Swiss Life et Generali serviront sur leurs fonds en euros un rendement net de frais de gestion de 1 % en 2019, contre respective­ment 1,50 et 1,75 % net en 2018. Allianz, 1,20 %, au lieu de 1,70 %.

Cette baisse drastique reflète celle des taux d’intérêt, passés en territoire négatif, et des obligation­s sur lesquelles est assise la performanc­e des fonds en euros. Elle traduit aussi la volonté des assureurs d’orienter leurs clients vers des unités de compte (UC) moins gourmandes en fonds propres et surtout qui transfèren­t le risque de marché aux assurés.

Leur coup de force a été facilité par la position prise par les autorités de tutelle. Début septembre, Bernard Delas, vice-président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, le gendarme de la profession, a exhorté les épargnants à « renoncer aux fonds en euros ». Depuis, économiste­s et banquiers ont multiplié les mises en garde sur le risque pour certains assureurs de ne pouvoir garantir le capital en cas de retraits massifs des fonds investis. Avertissem­ents qui ont trouvé écho lorsque des compagnies d’assurances –- et pas des moindres – comme Suravenir ou Sogecap ont annoncé leur recapitali­sation. Allant encore plus loin pour protéger la rémunérati­on de l’épargne déjà investie dans ces fonds, certaines compagnies envisagent de fermer

Avertissem­ents.

des fonds et, pour les autres, de refuser la souscripti­on si elle ne s’accompagne pas d’un investisse­ment en unités de compte. Chez Generali, la proportion exigée tournerait autour de 60 %. Chez Allianz, les versements supérieurs à 1 million d’euros devront être orientés à 50 % vers des UC.

Cette baisse du taux s’accompagne néanmoins – il ne faut pas tuer l’assurance-vie, poule aux oeufs d’or – d’une politique de bonificati­on plus avantageus­e . Chez Swiss Life, si la part investie en unités de compte est comprise entre 30 et 40 %, le taux servi sur le fonds en euros sera de 1,5 % ; entre 40 et 60 %, de 2 % et, au-delà de 60 %, de 2,50 %. Ces prises de position ne font toutefois pas l’unanimité. La Fédération des associatio­ns indépendan­tes de défense des épargnants pour

Bonificati­ons.

la retraite (Faider) estime qu’une baisse du rendement des fonds en euros plus importante que celle pratiquée en 2018 n’est pas justifiée sur le plan financier, compte tenu de l’existence de « réserves » (la participat­ion aux bénéfices). Cyrille Chartier-Kastler, du cabinet Facts & Figures, estime que ces dernières permettent d’absorber dix ans de taux bas. Chez Mutavie, on considère qu’il n’y a donc pas d’urgence à agir, qu’il ne faut pas faire peur aux épargnants et qu’il faut seulement les accompagne­r progressiv­ement vers d’autres supports. Une baisse trop importante du taux « provoquera­it un appauvriss­ement d’une grande partie des assurés compte tenu de l’inflation et des prélèvemen­ts fiscaux et sociaux », écrivent les représenta­nts de la Faider. Pour Bertrand Tourmente, président fondateur d’Althos Patrimoine, l’investisse­ment sur un fonds en euros a toujours du sens : « Il permet aux épargnants de se constituer une épargne de précaution grâce à la garantie du capital investi net de frais et l’effet cliquet qui permet de garantir les intérêts produits [ou les gains] en plus des sommes initialeme­nt versées au contrat. Même si les perspectiv­es de rendement peuvent sembler moins intéressan­tes que par le passé, ce placement continue d’offrir la sécurité recherchée par les Français. »

Newspapers in French

Newspapers from France