Le Point

Jusqu’aux poignets

- CONSTANCE ASSOR

Jupe-culotte, blouse fluide, trench, foulard, serre-tête et dégradés de beige à faire pâlir les minets du drugstore… La bourgeoise est de retour. Si les oripeaux de l’héroïne chabrolien­ne, revus et corrigés, n’ont pas (ou peu) de secret, un mystère demeure, enfoui sous le revers gauche d’une manche en cachemire : comment s’égrènent les heures entre Neuilly, Auteuil et Passy en 2019 ? Avec discrétion : n’était-il pas inconvenan­t de s’enquérir de l’heure en public jusque dans les années 1930? Le garde-temps est donc hybride, à mi chemin entre la (petite) montre et le (petit) bijou. Les horlogers le savent, le passé fait recette. En ces temps troubles, quoi de plus rassurant qu’une valeur refuge, l’élégante et intemporel­le « montre de maman » ?

L’offren’estpasplét­horique.

Les manufactur­es historique­s ayant relativeme­nt peu investi le créneau, la plupart des modèles sont le produit de maisons initialeme­nt plébiscité­es pour leur prêt-à-porter ou leurs bijoux. Ces derniers jouent la carte de la montre de forme plus que du calibre de haute voltige. Techniquem­ent

peu coûteuses à développer et moins gourmandes en métaux précieux grâce à leurs proportion­s ténues, ces pièces enrichisse­nt le catalogue de variations abordables. La difficulté consiste à vendre en nombre sans entamer le prestige de la marque. Certains capitalise­nt sur leur patrimoine. La Panthère de Cartier ou la Lady-Datejust de Rolex, quasi inchangées depuis leur création, font toujours des émules. D’autres s’inspirent de leurs archives pour imaginer une option plus moderne à leurs icônes. Le succès de la Boy-Friend de Chanel et de la Serpenti Seduttori de Bulgari en témoigne. Les plus audacieux se risquent à concevoir de toutes pièces la montre de la néobourgeo­ise. La Mini D de Dior, la Galop d’Hermès ou la Boléro de Chaumet ont relevé le pari. Une manière d’avoir les codes au poignet sans dépenser des fortunes qui sied bien aux temps modernes

Pour Roland Barthes, la DS originelle (1955-1975) a été aux Trente Glorieuses ce que les cathédrale­s gothiques furent au Moyen Age : un objet sidérant de modernité sur les plans technique et esthétique. Beaucoup plus qu’une simple voiture, donc, elle fut rapidement adoptée par la bourgeoisi­e de l’époque comme l’expression parfaite de son statut social.

Innovante, la DS l’était aussi dans son

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