Le Point

Strie-moi le marbre

- MARIE-CHRISTINE MOROSI M.-C. M

Ce fut le matériau de l’opulence et le signe distinctif de la réussite bourgeoise jusque dans l’intimité des salles d’eau. Et il revient : sensuel au touché, si doux lorsqu’il est poli, le marbre n’a rien de glacial. Par ses stries, ses veines et ses variantes de teinte, il est la coqueluche des designers et des architecte­s d’intérieur auxquels il inspire des meubles-sculptures massifs, d’élégantes consoles ou des tabourets à glisser partout. Fan des marbres veinés, Joseph Dirand ose le Calacatta Oro, ce marbre italien très recherché, des cuisines aux « salons de bains », ou le Brèche Médicis, comme pour le comptoir de Girafe (Paris 16e). Pour leur part séduites par le marbre jaune de Sienne ou le Noir Marquina venu d’Espagne, les trois trentenair­es du Studio AMV utilisent souvent ce matériau « à l’esthétique parfois si graphique qu’elle pourrait avoir été dessinée par la main de l’homme ». Pour l’escalier d’honneur de Balmain rue Saint-Honoré, elles ont ainsi opté pour un Calacatta Black Vein. Monumental, «il donne une vraie identité à l’espace ». Idem pour le bureau Olivier Rousteing, le directeur artistique de la même maison, taillé dans un marbre Noir Antique.

« Une pièce majeure signe un intérieur, comme un tableau de maître », approuve Sybille de Margerie, qui apprécie depuis toujours la noblesse de ce minéral, « à la fois classique et très contempora­in. Les multiples familles de marbre et le travail de finition, du poli brillant au mat adouci, offrent d’infinies possibilit­és de personnali­ser un décor, du plus sobre au plus sophistiqu­é ». Elle aime le blanc rosé, le Calacatta Oro noir veiné d’or… Comme elle, les architecte­s Gilles et Boissier accueillen­t le marbre en mode majeur dans leur première collection de mobilier : épais plateaux de tables en Calacatta Viola, pieds de lampe en Noir Saint Laurent, bougeoirs de marbre rose ou d’onyx miel. Ce calcaire – car c’en est un – a même inspiré au designer Mathieu Lehanneur un nouveau procédé, le Liquid Marble, dont la surface polie à l’extrême reproduit les mouvements de la mer. Loin, très loin des cheminées hausmannie­nnes de grand-papa

La toile de Jouy reprend des couleurs ! Si la mode et l’univers de la maison s’intéressen­t à ce classique, c’est pour mieux le réinventer. Avec ses fonds clairs et ses motifs monochrome­s évoquant d’anciennes gravures, cet imprimé se plie à toutes les fantaisies, même dans la haute couture. Ainsi, chez Dior, la toile de Jouy revisitée par Maria Grazia Chiuri s’invite dans les collection­s croisière. Elle a, dans la foulée, inspiré un service de vaisselle naturellem­ent baptisé Toile de Jouy (photo ci-dessus) et exposé dans la première boutique Dior Maison inaugurée au 30 de l’avenue Montaigne. La maison Pierre Frey renouvelle elle aussi le genre à sa façon. Fort des 170 modèles historique­s de toile de Jouy qu’il conserve dans son fonds patrimonia­l, l’éditeur de tissus et de papiers peints revisite des classiques avec différents créateurs. Christian Astuguevie­ille a ainsi souligné d’encre de Chine les dessins, datant de 1803, de « Fontaines et animaux » et ceux du modèle « Coquecigru­es », ces animaux imaginaire­s en vogue à la fin du XVIIIe siècle. A l’époque, la toile de Jouy est en plein essor. L’idée en revient à Christophe-Philippe Oberkampf, qui fonde, en 1760, à Jouy-en-Josas (Yvelines), une manufactur­e dévolue à cette toile. Le succès est tel qu’elle fait depuis partie de notre imaginaire. Jouy-enJosas lui a consacré un musée réputé, où les amateurs viennent aussi pour acheter objets et accessoire­s de mode exclusifs. Qui a dit ringard ?

Bourgeoise, la cheminée ? Et comment ! S’il est un signe distinctif de la maison coquette et de l’hôtel de caractère, c’est bien elle. Mais qui dit bourgeois ne dit pas ampoulé. Comme le nuance Guillaume Foucher, copropriét­aire des Domaines de Fontenille : « On peut en avoir les codes – bâtisse historique, confort, service et prestation­s – sans pour autant tomber dans le formalisme ! La cheminée, c’est à la fois la famille, la conviviali­té, les réminiscen­ces de l’enfance et cet incroyable pouvoir de rassemblem­ent. » En d’autres termes, le feu de bois est à l’hôtel ce que le miel est aux abeilles : une force d’attraction irrésistib­le qui met tous les sens en éveil. « Le toucher avec la chaleur, l’ouïe avec le crépitemen­t du bois, l’odorat avec les effluves de la combustion, la vue avec l’incandesce­nce

VINTAGE

Où ? Flaine, en Haute-Savoie. La petite histoire. Ouvert fin 2015, Terminal Neige fait écho à la station et à son architectu­re tout béton réalisée dans les années 1960 par l’une des figures du modernisme, Marcel Breuer.

Le spot « au coin du feu ».

La grande pièce à vivre et son âtre cubique, époque Breuer. Avec qui ? En famille, entre copains ou adeptes de la glisse tous azimuts. On aurait pu y croiser VGE, grand skieur lui-même.

A partir de 164 € la nuit, https ://totem.terminal-neige.com/fr.

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