Le Point

Un barbouze libanais dans l’avion OsakaIstan­bul

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George-Antoine Zayek et Carlos Ghosn s’étaientils déjà croisés avant de se retrouver dans le jet privé qui a décollé d’Osaka ? Zayek appartient, comme l’ex-PDG, à la communauté des chrétiens maronites et se présente comme un « security manager » qui a travaillé en Irak – notamment pour les forces américaine­s en 2003 –, en Afghanista­n, en Libye… George est le petit frère d’Elias Zayek, membre des Forces libanaises, qui a été assassiné le 19 janvier 1990. Il a été, lui aussi, un combattant des Forces libanaises.

Georges Ghosn, bel homme à la fine moustache. Une histoire que son fils Carlos a tenté, toute sa vie, de soustraire à sa biographie officielle. On n’en trouve nulle trace, dans aucun écrit, alors qu’au Liban tout le monde sait... Après plusieurs années passées au Brésil, Georges Ghosn est de retour sur la terre de ces ancêtres avec sa femme, ses filles et son fils Carlos. Le paternel s’adonne à quelques trafics, son destin bascule un soir de printemps. Georges Ghosn se retrouve impliqué dans le meurtre, le 18 avril 1960, d’un certain Boulos Massaad, un prêtre défroqué qui s’est, lui aussi, converti aux trafics en tous genres. Ce dernier est abattu d’une balle dans la tête par un troisième homme. Georges Ghosn est arrêté dans les heures qui suivent. Le petit Carlos vient juste de célébrer son sixième anniversai­re. Ghosn n’a pas tué, mais la cour criminelle retient qu’il a organisé le guet-apens, donc en quelque sorte conçu le crime, et le condamne à mort. Il se pourvoit en cassation, et sa peine est commuée en prison à vie. Il y restera quelque temps, puis sera « libéré » par les miliciens, (comme tous les autres prisonnier­s de l’époque), au début de la guerre du Liban. Georges Ghosn a ensuite quitté le Liban et fini ses jours au Brésil, où il a changé son prénom en Jorge. Au nom du père et de tous les siens, Carlos Ghosn avait réussi à réhabilite­r son patronyme dans son pays. Ghosn n’était plus le nom d’un condamné, mais celui d’un héros de la diaspora libanaise. L’est-il toujours aujourd’hui ?

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