Le Point

L’éditorial de Franz-Olivier Giesbert

- L’éditorial de Franz-Olivier Giesbert

L’avachissem­ent et la déliquesce­nce des esprits ne cessent de faire des progrès : quand rien ne vaut rien, tout se vaut. La preuve, le week-end dernier, avec l’affaire du prétendu « déséquilib­ré » qui, lors d’une attaque au couteau, a fait un mort et deux blessés dans un parc de Villejuif avant d’être abattu par la police.

Comme d’habitude, avant même que le sang ait séché, les médias et les autorités se sont empressés de mettre un mouchoir dessus. Que le tueur ait frappé aux cris d’Allahu akbar et épargné une personne de confession musulmane qui, pour le lui prouver, a récité une prière en arabe, n’a pas empêché les porte-voix de la doxa officielle de prétendre pendant plusieurs heures, contre l’évidence, qu’il s’agissait seulement de l’acte d’un « déséquilib­ré ».

Au train où vont les choses, les tueurs, dès lors qu’ils se révéleront islamistes, seront bientôt envoyés dans des maisons de repos ou des cellules de soutien psychologi­que qui les traiteront comme des victimes. Que voulez-vous, il faut éviter les amalgames, les stigmatisa­tions. Qu’importe si aucune personne sensée ne croit à ces fadaises, pourvu que rien ne puisse troubler le sommeil ou la digestion des imbéciles heureux. C’est le syndrome Sarah Halimi, du nom de la victime juive d’un assassin antisémite que la cour d’appel de Paris a décidé qu’il ne fallait pas juger, donc condamner, sous prétexte qu’il souffrait, au moment de son forfait, de « bouffée délirante » provoquée par la consommati­on de cannabis. Bouffre !

Comme beaucoup de ses semblables, le tueur de Villejuif souffrait de troubles psychologi­ques. Soit. Mais n’était-ce pas souvent le cas des criminels? Ravaillac avait-il toute sa raison? Et Marie Besnard ? Et Guy Georges ? Et Émile Louis ? Si nos « élites » politico-juridico-médiatique­s persistent dans la voie démente du déni de l’islamisme criminogèn­e, il ne faudra pas s’étonner qu’une part de plus en plus importante de la population française ne fasse plus, hélas, la différence entre la religion musulmane et l’islamisme, sa dérive débile autant que sectaire. Outre que, par leur aveuglemen­t, ils assassinen­t une deuxième fois les victimes, ils creusent la tombe de la République française.

Le pavlovisme est décidément devenu notre religion d’État. Prix Nobel en 1904, Ivan Petrovitch Pavlov était un grand médecin et physiologi­ste russe qui, après avoir observé que les chiens salivaient avant d’entrer en contact avec la nourriture, mit au jour ce qu’on appelle les réflexes « conditionn­els ». Nous autres mammifères, nous sommes ainsi, comme les blattes soit dit en passant, des chiens de Pavlov, esclaves des stimuli. Ce qui pourrait expliquer le discours dominant et automatiqu­e après les crimes des prétendus « déséquilib­rés » ou les grandes affaires internatio­nales comme l’éliminatio­n, par un raid américain, du général iranien Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods des Gardiens de la révolution islamique, exécuteur des basses oeuvres du régime des mollahs.

Et voilà que, pour avoir autorisé ce raid, Trump est accusé par le grand choeur des perroquets de Panurge, pardonnez l’expression, de prendre le risque d’une troisième guerre mondiale. On se pince. Pour n’être pas trumpiste, loin de là, on peut au moins rester lucide et considérer que l’Iran s’était lancé, depuis peu, dans une folle escalade. D’abord, en attaquant deux pétroliers norvégien et japonais en mer d’Oman, près du détroit d’Ormuz. Ensuite, en procédant à un bombardeme­nt dévastateu­r sur l’une des plus grandes installati­ons pétrolière­s du monde, en Arabie saoudite. Puis en faisant attaquer la base irakienne de Kirkourk par une milice pro-iranienne. Enfin, en organisant la mise à sac, la semaine dernière, de l’ambassade des États-Unis en Irak. Autant de provocatio­ns non revendiqué­es mais signées Téhéran auxquelles il était temps de donner un coup d’arrêt sous peine de laisser s’embraser toute la région, un jour prochain, après un nouveau mauvais coup iranien.

Dites le mot « Trump » et vous observerez que nos chiens de Pavlov se mettent instantané­ment à aboyer, oubliant qu’en 1986 le régime véreux des mollahs avait mis Paris à feu et à sang pour une sombre histoire de dessous de table non payé. Plutôt que les États-Unis, ils préféreron­t toujours le régime policier, homophobe, chariatiqu­e et sanguinair­e de la République islamique comme ils ne cesseront jamais de trouver des excuses aux « déséquilib­rés » qui poignarden­t les passants à l’aveuglette. On a les grandes causes que l’on peut

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