Quelle gourde êtes-vous ?
Passant de la simple fonction pratique à l’attribut esthétique, cet objet, déclinable à l’infini, est un incontournable qu’on exhibe à l’envi : l’accessoire de mode 2020 par excellence.
Elle aurait pu s’appeler outre, peau de bouc, cruche, seau, broc, calebasse, bidon, topette, flasque ou tout simplement bouteille. Mais c’est le terme «gourde» qui a été donné à cet objet, placé sur les bureaux comme une pièce d’orfèvrerie, brandi sur Instagram, promené au hasard dans les rues de la ville, par des foules d’assoiffés. La gourde s’affirme aussi vitale qu’une paire de bottes de neige au pôle Nord. Elle fait d’une technique du corps, « boire au goulot », le nouveau geste qui doit sauver la planète du grand mal des plastiques. Nous vivons entourés de gourdes. De toutes tailles, de toutes formes et de toutes les matières, elles sont l’expression de nos désirs, de nos fantasmes et de nos craintes : minimalistes, rutilantes, en Inox, bambou, canne à sucre ou plastique recyclé sans perturbateurs endocriniens, avec gobelet à pied intégré, isothermes, biodégradables, intelligentes, connectées, portées à la main, au poignet, ou en bandoulière.
II était courant, jadis, chez les Compagnons, qu’un jeune reçoive une gourde en signe de bonne chance, en symbole d’endurance, de courage, de volonté d’accomplir le parcours jusqu’au bout. Les inscriptions anciennes étaient montrées avec fierté. C’est la Mère qui remplissait la gourde. Toutes les occasions étaient bonnes pour les fêter d’une rasade. Désormais – hygiénisme et individualisme obligent –, on ne les fait plus circuler de bouche en bouche. Elles relèvent du doudou pour adulte, réconfortant, dont beaucoup ne peuvent plus se passer.
La gourde n’est plus seulement pratique et n’assure plus seulement la fonction de transporter l’eau ou tout autre liquide. Elle doit briller, voire incarner le statut social, l’identité, le style de vie de son détenteur. Elle a rejoint le rang des accessoires de mode et fait vibrer les marques de luxe. Le créateur Virgil Abloh, directeur artistique des collections homme de Louis Vuitton, a signé pour Evian une gourde en verre écoresponsable ; Kim Jones la fait défiler à Miami pour la collection masculine Automne 2020 de Dior, les sites marchands comme Matchesfashion ou Net-a-porter en font un produit d’appel. Les fondatrices de Glacce ont même imaginé un contenant en verre sans toxines et en acier inoxydable, intégrant une roche, l’obsidienne ou l’améthyste, avec la promesse de transformer H2O en « élixir de cristal ».
Objet de collection, la valeur d’une gourde peut atteindre des sommets. Un modèle en porcelaine, ayant appartenu à l’empereur chinois du XVIIIe siècle Qianlong, a été vendu aux enchères pour 5 millions d’euros, au château d’Artigny, près de Tours. Enfin, en gravant son nom sur une gourde, assorti d’un joli design, l’entreprise sera toujours associée à une bonne action. Elles sont de plus en plus nombreuses à en faire don à leurs employés, en contrepartie de leurs efforts pour un monde plus pur. Espérons que la belle ne finisse pas dans un placard
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Outre sa fonction de transporter l’eau, la gourde doit aujourd’hui également briller, voire incarner le statut social, l’identité, le style de vie de son détenteur.
RANCH FRANCILIEN
Où ? Au coeur du haras de La Cense, dans les Yvelines. Quoi ? Une ferme XIXe et deux authentiques granges agricoles en tôle et structure métallique. L’esprit. Champêtre et dans l’air du temps. Le Barn offre un retour à la nature où les choses simples, comme la cueillette, la pêche, le vélo et la balade en forêt à cheval le disputent à une atmosphère à mi-maison de campagne mi- ferme américaine.
Au menu. 73 lits répartis entre chambres, suites et dortoirs.
À partir de 45 € la nuit en dortoir et 160 € en chambre classique avec petit déjeuner, www.lebarnhotel.com.
Le Barn
GRANGE PÉRIGOURDINE
Où ? Saint-Geniès, près de Sarlat, dans le Périgord noir.
Quoi ? Une ancienne grange rénovée sise dans une ferme XVIIIe.
L’esprit. Murs en pierres, tommettes et parquet en chêne au sol, mobilier conçu avec d’anciens bois… Pas de doute, Bel Estiu cultive l’authenticité des maisons périgourdines contrebalancée par une touche de déco bien dosée.
Au menu. Trois chambres d’hôtes tout confort.
À partir de 100 € la nuit avec petit déjeuner, www.belestiu.com.
Bel Estiu