Horlogerie : Hublot, l’heure « d’art-d’art »
Hublot met l’art en mouvement (et au poignet) avec une création horlogère hypnotique.
La dernière « oeuvre » de Carlos Cruz-Diez, grand théoricien de la couleur, dévoilée à Miami.
Une montre peut-elle être une oeuvre d’art ? A priori non. Une oeuvre d’art ne peut être confondue avec une production artisanale, certes raffinée, mais réalisée selon des règles établies, à des fins utilitaires. Sans doute, boîtiers, cadrans et bracelets constituent, pour les artisans des manufactures, des sortes de toiles blanches à décorer, mais la présence d’aiguilles rappelle que la fonction dicte avant tout la forme du garde-temps. Sans doute existe-t-il des contre-exemples, comme la montre petite cuillère et transformable en broche à cheveux conçue par Salvador Dali en 1957, mais ils sont rares. Nonobstant, les frontières entre les univers sont de plus en plus poreuses, luxe et art ayant poussé loin leur flirt. Dernière illustration en décembre 2019, lors de la foire d’art contemporain Art Basel Miami, connue pour donner le pouls du secteur. D’un côté, une banane bien jaune, bien réelle et bien périssable de Maurizio
Cattelan, scotchée au mur de la galerie Perrotin, trouve preneur pour 120 000 dollars. Avant d’être mangée (et remplacée) avec la bénédiction du galeriste, qui n’avait visiblement pas le sentiment de s’être fait bananer. De l’autre, la dernière « oeuvre » de Carlos Cruz-Diez, l’un des grands théoriciens de la couleur, décédé en juillet, dévoilée dans une galerie voisine. Il s’agit, contre toute attente, d’une montre, commandée par la manufacture Hublot.
Produite à 30 exemplaires, cette pièce se compose d’un cadran comportant deux disques revêtus de couleurs
Pantone saturées. L’aiguille des heures, placée sur le premier, et celle des minutes, sur le second, entraînent chacune la rotation d’un disque transparent sérigraphié de lignes noires. Le tout crée une illusion d’optique. Au dos figure la signature métallique de l’artiste français d’origine vénézuélienne. Le bracelet et l’écrin assorti prolongent l’expérience cinétique. Ici, contrairement à d’autres horlogers, à l’image de Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin où, plus récemment, Ulysse Nardin – dont les reproductions de scènes érotiques de Manara sur cadran ont fait des émules –, Hublot ne fait pas le choix de la miniaturisation d’oeuvres existantes. Elle s’adjoint les services d’artistes contemporains cotés. Si la Classic Fusion Cruz-Diez n’est pas une oeuvre d’art au sens stricte du terme, cette pièce sui generis est un collector : un objet recherché pour son originalité et sa rareté dont la cote devrait se bonifier avec le temps. On investit – comme dans une oeuvre d’art ?
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