Le Point

Un problème de taille

- Patrick Besson

Trois fois de suite, les Français ont élu un président de petite taille : Sarkozy, Hollande, Macron. On s’étonne ensuite que le pays aille mal. Je me souviens de la France sous le règne de trois grands types, je veux dire de trois types grands : de Gaulle, Giscard, Chirac. Quant à Pompidou, il était gros mais il n’était pas petit. À l’époque, les trains partaient et arrivaient à l’heure. Si on met de côté les événements de Mai 68, gros monôme d’étudiants attardés bientôt en dépression nerveuse, la paix sociale régnait, notamment à la SNCF et à la RATP. Pour aller travailler, les Français n’étaient pas obligés de faire deux heures de marche ou trois heures de voiture. Pourquoi ? Parce que, quand un type de 1,85 m parle, on l’écoute, surtout s’il pèse 100 kilos. Le problème du petit, c’est qu’on ne l’écoute pas. Parce qu’on ne le voit pas. Du coup, il s’énerve et, en s’énervant, il énerve. Qu’ont fait les Français, toutes classes confondues, avec Nicolas, François et Emmanuel ? Ils les ont pris de haut, et être pris de haut exaspère un petit. Ça lui rappelle sa taille, c’est-à-dire sa souffrance. Avant de faire un tabac en librairie, le mari de Carla Bruni a été passé à tabac par la presse et l’opinion. Pourquoi ? Parce qu’il avait élevé la voix, faute de pouvoir se grandir. Le fiancé de Julie Gayet n’a pas été mieux traité que son prédécesse­ur. Je note que Sarkozy et Hollande ont choisi des compagnes plus grandes qu’eux. Pour compenser leur petite taille ?

Mmes de Gaulle et Chirac s’en tenaient à une taille modeste pour ne pas faire d’ombre à leur mari grand. Mme Giscard d’Estaing compensait une silhouette élancée par une discrétion de bon aloi. J’admets que Mme Pompidou dépassait son mari d’une tête, mais elle ne la montrait pas souvent, elle non plus. Ce goût pour les femmes grandes, belles, riches et célèbres, c’est louche. Comme si diriger la France n’avait pas assez rassuré les deux présidents sur leur charme, leur pouvoir, leur majesté.

Pour sauver le pays, un choix s’impose : celui d’un grand président, donc d’un président grand. Du reste, c’est pour des personnes de plus de 1,80 m que les Français semblent pencher, ayant enfin pris conscience qu’ils ne veulent plus être gouvernés par quelqu’un de plus petit qu’eux. François Baroin doit être grand, car il a toujours l’air de se pencher vers son interlocut­eur. Marine Le Pen n’est pas une petite femme. Elle a, en tout cas, une grosse voix. Bruno Le Maire ferait, d’un point de vue morphologi­que, un bon président. Difficile de trouver un homme politique français plus grand qu’Edouard Philippe, mais sa gestion abrupte des récentes grèves semble hélas celle d’un homme petit. Jean-Francois Copé, Alain Juppé ou Pierre Moscovici auraient la bonne taille présidenti­elle, mais chacun d’eux, à sa manière, s’est mis hors jeu. Que faire ? se demandait Lénine, qui était petit. Comme Staline (1,62 m)

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Les trois derniers présidents de la République française, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron.

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