Convention pour le climat : le pari risqué de Macron
Les questions environnementales sont d’une grande complexité. Or les arguments des activistes sont souvent plus audibles que ceux des scientifiques.
«J’ai fait cette convention pour que vous forciez la main au système », a déclaré le président de la République vendredi 10 janvier aux 150 participants de la Convention citoyenne pour le climat, qui se sont réunis à plusieurs reprises depuis octobre 2019. Étonnante injonction de la part d’un chef d’État ! Revoilà Macron dans un de ses répertoires préférés : celui du révolutionnaire (rappelons que le titre de son essai politique pour la présidentielle 2017 était Révolution), bousculant des intérêts catégoriels, spontanément conservateurs, au profit d’un « grand dessein » susceptible de rendre au vieux pays sa fierté de nation d’avant-garde… Sur la scène internationale, en utilisant le slogan de Trump (« Make America Great Again ») pour créer le sien, « Make Our Planet Great Again », il a acquis la réputation de chevalier vert. Mais en interne, son progressisme revendiqué l’a rangé dans le camp des productivistes.
Or nos écologistes aimeraient restreindre nos déplacements motorisés, limiter les échanges commerciaux, nous imposer la frugalité. Dans la querelle idéologique en cours entre écomodernistes, convaincus que la solution des problèmes environnementaux passe par le progrès technique, et écocatastrophistes, ce sont les seconds qui ont pris l’avantage : la perspective du désastre fait les fortes audiences. La collapsologie – science supposée de l’effondrement généralisé de la civilisation – tend à supplanter l’écologie. Ses partisans ne font pas confiance à la démocratie. Pour résoudre le problème du climat, « il faudrait qu’une majorité d’électeurs soutienne de substantielles restrictions de leur mode de vie excessivement consumériste et rien n’indique qu’ils seraient prêts à faire de tels sacrifices », écrit par exemple Julian Savulescu, professeur d’éthique pratique à Oxford.
Dans son allocution du 31 décembre, Macron appelait les Français à « réinvent[er] une qualité de vie à la française ». Si l’on veut persuader nos compatriotes de mieux préserver l’environnement, il est plus sage de faire appel à leur aspiration à restaurer les paysages qu’à leur appétence de sacrifice. Les funestes conséquences de la hausse, avortée, de la taxe carbone – à l’origine de la crise des Gilets jaunes – lui ont fait prendre conscience de l’échec prévisible de toute politique punitive et
La collapsologie tend à supplanter l’écologie. Ses partisans ne font pas confiance à la démocratie.