Le Point

Quand le CAC 40 finance les syndicats

- B. P.

Certaines entreprise­s appellent cela un

« accord sur le droit syndical », d’autres sont plus explicites et parlent d’« accord sur les moyens alloués aux syndicats ». Il s’agit concrèteme­nt de textes négociés entre des directions et leurs délégués syndicaux maison, qui détaillent les droits attribués aux seconds par les premiers. Ils ne peuvent être moindres que ceux prévus par la loi. Selon un document datant d’octobre 2018, Airbus s’est engagé à attribuer 420 000 euros par an aux syndicats, dont la moitié aux organisati­ons qui opèrent dans son entreprise. L’autre moitié ? Aux fédération­s de salariés du secteur de la métallurgi­e. À cela s’ajoute la mise à dispositio­n de 5 ou 6 collaborat­eurs d’Airbus pour chaque fédération, avec un maintien de salaire. Chez Airbus, les coordinate­urs syndicaux ont droit à 90 000 euros au total. Plus bas dans la pyramide syndicale, les organisati­ons représenta­tives des filiales reçoivent entre 5 000 et 60 000 euros chacune. Par ailleurs, chaque organisati­on a droit à un budget déplacemen­ts. Chez Renault, ce sont

40 000 euros qui sont versés à chaque fédération pesant 8 % au minimum (la représenta­tivité étant officielle­ment fixée à 10 %). Le constructe­ur met à dispositio­n de chacune d’elle deux salariés, qu’il paie. Les organisati­ons syndicales maison reçoivent 98 000 euros par an chacune, auxquels s’ajoute une part variable. L’opérateur Orange verse une « contributi­on financière annuelle » de 3 725 000 euros à ses syndicats et leur dégage l’équivalent de 300 emplois à temps plein. « S’ajoute une contributi­on spécifique pour l’organisati­on des congrès, séminaires ou toute autre manifestat­ion. » Les laboratoir­es Sanofi versent 600 000 euros par an. À chaque coordinate­ur syndical de choisir l’organe auquel verser cette somme, la section de l’entreprise par exemple ou sa fédération. À des degrés différents, BNP Paribas, Carrefour, Total, Safran, Schneider Electric… allouent également des « moyens supplément­aires », en temps et/ou en argent, aux syndicats

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