Le Point

Kongo Astronaut en tête d’affiche

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« Cette image a été retravaill­ée pour devenir l’affiche de Système K, explique le réalisateu­r Renaud Barret. On y voit Michel Ekeba, la trentaine, dans son personnage de Kongo Astronaut, invitant deux enfants à lui donner un coup de main pour parachever sa tenue avec une bombe couleur argent. Il est passé par les BeauxArts et a inventé ce personnage d’astronaute en 2013, avec cinq ou six modèles (il en vise une trentaine), pour des performanc­es où il veut surtout faire réagir la population autour de problémati­ques simples que son costume évoque : les matières premières, récoltées sur les marchés de la ville, sont autant de richesses du pays dont la population ne voit pas la couleur. Sa performanc­e est sans limites, il est dans un état second, peut marcher du matin au soir en se racontant des trucs. »

immédiat de Freddy Tsimba, plasticien internatio­nalement ■ coté pour ses sculptures faites avec des douilles d’armes à feu ou des machettes, a beaucoup compté par la suite. Il est le fil rouge du documentai­re dans sa « ville performanc­e », où les artistes créent pour « survoler les réalités négatives », dixit Kongo Astronaut.

Un tournage de quatre ans commence, par étapes, car personne ne voulait de ce film extravagan­t, parfois trash, sur des artistes « plus dérangeant­s que bien d’autres acteurs de l’art contempora­in », affirme Renaud Barret. Mais le réalisateu­r persévère, perdant des personnage­s, en retrouvant d’autres, avançant sur ses fonds propres, le « système B », B comme Barret. Après trois ans et demi et une ébauche de montage, son premier supporteur, la société de production Les films en vrac, le met en contact avec Jean Labadie, de la société de distributi­on Le Pacte. Bien avant sa sortie en salles, le Kinois d’adoption a connu sa plus grande émotion (et sa plus grosse pression) lors de l’avant-première à Kinshasa, en mai 2019. Un public congolais de 800 personnes... Le film passe la rampe !

Des onze « acteurs » (plus le groupe Kokoko !, qui signe la musique) plusieurs sont désormais installés en Europe ou y sont exposés, telle Géraldine Tobe, la seule femme de Système K, faute d’avoir pu continuer le tournage avec Julie Djikey, performeus­e, plasticien­ne, qui vit en France. Tout comme Majestikos, le roi du « bain de sang » artistique. Ce dernier a cette phrase sur le rôle des artistes auprès de ses compatriot­es kinois : « L’art permet de faire réfléchir ceux qui n’ont pas étudié. »

Système K, en salles.

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