Faut-il fuguer avec Harry et Meghan ?
Tous ceux qui, sur le continent européen, vilipendent les élites « décadentes » et
« déconnectées du réel » ont trouvé leur nouvelle figure démoniaque : Meghan Markle, duchesse de Sussex. En cause : son souhait et celui du prince Harry de renoncer à leur rôle au sein de la famille royale… et de « devenir financièrement indépendants ». De vrais libéraux, nos tourtereaux ! Après le Brexit, le Meghxit ! Haro sur la duchesse, symbole de ces nouvelles élites
« mondialisées », « déracinées » et « individualistes ». Ces « gens de Partout »
(« Anywhere »), comme les appelle l’essayiste britannique David Goodhart dans son livre Les Deux Clans (Les Arènes), auraient rompu les amarres avec les « gens de Quelque-Part » (« Somewhere »), attachés aux valeurs traditionnelles et à leur nation. Meghan, rebaptisée dans une chronique la « duchesse de partout », est une héroïne de notre temps. Avant la naissance de son enfant, elle a confié vouloir l’éduquer « avec une approche souple concernant la question du genre ». Archie ne jouera pas forcément aux petites voitures. L’Europe vieillit. Elle ne fait plus rêver. Quelle idée de moisir ici ! Justin Trudeau apparaît tellement plus cool que cette reine impassible et impitoyable. La monarchie, quel désespoir ! On n’a plus idée, en 2020, de tenir l’imitation et la pérennisation des traditions pour un bien en soi ! Les usages ? La barbe ! Mais les fuites royales n’ont jamais été un bon présage. L’imaginaire français est encore marqué par celle de Louis XVI à Varennes. Son départ fit basculer la Révolution, comme le montre l’historienne Mona Ozouf dans son magistral Varennes. Et si la fugue de Meghan et Harry augurait le grand exil des élites européennes ? Des élites qui, à force d’être considérées comme des faquins, renonceraient à jouer leur rôle… La fuite des jeunes cerveaux a déjà commencé. En France, les lepenomélenchonistes brûlent des cierges tous les soirs pour que la duchesse de Sussex fasse des émules
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