Qui ferait mieux que lui ?
Banc d’essai. Les réformes qu’il n’ose pas lancer. Les solutions alternatives de Baroin, Bertrand, Pécresse. Notre sondage exclusif qui confronte Emmanuel Macron à d’autres « présidentiables ».
Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a réformé à tout-va, certes, mais dans un climat social dégradé. Trois ans après son accession à l’Élysée, il n’a pas réussi à rassurer les Français. Sur la lutte contre le réchauffement climatique, ses discours volontaristes tardent à se concrétiser. Sur les sujets régaliens, sa ligne est perçue comme trop floue, notamment sur la question du communautarisme... Quant à son rêve de souveraineté européenne, il n’arrive pas à le faire partager à ses partenaires. Sur le plan économique, la baisse des dépenses publiques reste à confirmer. Dans ces quatre domaines, Le Point a demandé à des experts quelles seraient les alternatives crédibles.
Argent public Le tabou des dépenses sociales
Quel autre choix que la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les candidats potentiels ont encore du travail pour construire un projet différent pour 2022. Les Républicains n’ont pas encore dévoilé leurs propositions. Jusqu’à présent, le parti de la droite s’est contenté de présenter une copie alternative à la réforme des retraites du chef de l’État. Plutôt qu’un régime universel, le parti promet de repousser l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans d’ici huit ans, puis à 65 ans d’ici douze ans. En échange, les Républicains promettent un « régime universel de pénibilité » inspiré de ce qui existe chez les militaires et les policiers. Tous les cinq ans une personne exerçant un métier pénible aurait le droit de partir un an plus tôt à la retraite. Exemple fourni par le parti : «Une infirmière qui travaille pendant quinze ans aura trois années de départ anticipé.» Sur le papier, ce geste paraît très généreux, au point de laisser craindre la résurgence d’un immense régime spécial. Mais les stratèges des Républicains ajoutent aussitôt qu’il faudra que l’atteinte physique soit constatée par un médecin du travail pour entraîner un départ anticipé. Ce qui restreindrait sévèrement le nombre de personnes concernées. Comprenne qui pourra…
En attendant que le parti d’opposition dessine un véritable projet, des économistes interrogés par Le Point livrent les sujets sur lesquels des réformes restent urgentes. À l’approche du terme du quinquennat d’Emmanuel Macron, « on va arriver dans une phase assez paradoxale dans laquelle la situation macroéconomique n’est pas mauvaise, caractérisée par des créations d’emplois, y compris industriels, mais où les sources des tensions sociales ne sont pas traitées: l’immobilier, la disparition des emplois intermédiaires, la faiblesse de la mobilité sociale », souligne Patrick Artus. Pour le directeur de la recherche économique de la banque Natixis, le sujet du logement est « central dans le panorama des réformes qui n’ont pas été faites ». Et ce malgré le vote de la loi Élan pour libérer la construction, fin 2018. « Les prix vont continuer à augmenter avec des taux d’intérêt qui resteront bas. On va donc avoir un problème croissant du logement des classes moyennes déjà expulsées des centres-villes. Il faut une grande réforme du logement pour construire plus et faire baisser les prix », exhorte-t-il. Reste à voir si un candidat trouvera la recette miracle pour y parvenir, alors que la mise en chantier des constructions souffre d’une multitude d’obstacles, notamment d’un prix du foncier élevé dans les zones tendues.
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« Il faut une grande réforme du logement pour construire plus et faire baisser les prix. » P. Artus